En mars 2004, une statue de Banksy d’une valeur de 35 000 euros a été volée dans un parc de Londres. Ian Roderick Gray et Dylan Harvey y consacrent un docu-fiction intitulé “The Banksy Job”, qui sortira en salles en 2016. “Nous sommes AK47. Nous avons capturé le Buveur de Rodin – une statue conceptuelle du terroriste artistique […]
En mars 2004, une statue de Banksy d’une valeur de 35 000 euros a été volée dans un parc de Londres. Ian Roderick Gray et Dylan Harvey y consacrent un docu-fiction intitulé « The Banksy Job », qui sortira en salles en 2016.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« Nous sommes AK47. Nous avons capturé le Buveur de Rodin – une statue conceptuelle du terroriste artistique Banksy. Est-ce de l’art ou est-ce du kidnapping? ». Ainsi les voleurs de la statue de Banksy se présentent-ils à Simon Hattenstone, célèbre journaliste du Guardian, lorsqu’ils lui téléphonent en mars 2004 après avoir effectué l’un des plus grands coups de l’histoire du street art.
Le kidnapping, aussi spectaculaire que grotesque, fait aujourd’hui l’objet d’un film à mi-chemin entre le documentaire et le thriller. Il faut dire qu’il y a de la matière, tant l’histoire est surréaliste. La statue, similaire au penseur de Rodin agrémenté d’un cône de signalisation routière sur la tête, était laissée comme cadeau pour la mairie de Londres sur l’avenue Shaftesbury, dans le West End. Ses 3,5 tonnes de résine bronze, pour 2,5 mètres de hauteur, ont simplement été soulevées par un camion-grue en plein jour et sous le regard des passants, pour être emportées au loin.
Encore plus surprenant, les braqueurs ont désigné le journaliste Simon Hattenstone comme négociateur de crise. Ils lui envoient des photos de leur butin, l’appellent et lui transmettent un manifeste abscons, qui semble déclarer une guérilla contre le street art de Banksy en passe de s’institutionnaliser. Cette interprétation s’appuie sur les critiques soulevées à l’encontre de l’évolution de l’artiste, qui a d’abord gagné son statut en graffant au pochoir sur les murs de Londres avant d’être devenu aujourd’hui un marché juteux pour les collectionneurs. L’oeuvre Keep it Spotless, d’après un original de Damien Hirst, s’est ainsi vendue 1,7 million de dollars à New York en 2008 lors d’une vente aux enchères organisée par Sotheby’s. Ses graffs politiques et subversifs (il était encore à Gaza en début d’année), sont aujourd’hui déclinés en un large éventail d’objets, des mugs aux bodys de bébé vendus dans toute boutique de souvenirs de la capitale britannique.
Il faut savoir que Banksy est l’un des artistes dont les droits d’auteurs sont les plus bafoués au monde et, revers de sa volonté d’anonymat, il ne peut lancer de procès à l’encontre de ses contrefacteurs. Conscient de ce dilemme, le gang AK47 a tenté d’en profiter pour obtenir une rançon par l’entremise de Simon Hattenstone. Des 7 000 euros initialement exigés, Banksy accepte de leur en laisser 3. Et leur offre un bidon d’essence pour brûler la statue puis poster la vidéo sur Internet, dans la lignée de son anticonformisme teinté de rébellion.
L’artiste fait finalement mauvaise pioche, car il se trouve que les voleurs font partie de ses grands admirateurs : « En fait, un ami est allé voir l’exposition de Banksy pour Noël et a voulu avoir sa signature sur l’une de ses oeuvres, et on lui a dit qu’il devrait payer 240 euros de plus pour ça. Bon, on adore son art et tout, mais quiconque qui se met à penser que sa signature vaut 240 euros a clairement les chevilles qui enflent. Il est temps de lui remettre les pieds sur terre », explique l’un d’entre eux à Simon Hattenstone. Ils exigent donc que le bidon d’essence leur parvienne signé – presque comme un juste retour.
On ne sait toujours pas ce qui est finalement advenu à la statue, et les mauvaises langues soupçonnent Bansky d’avoir monté lui-même le coup pour un peu de publicité anticonformiste. Le film se propose de mener l’enquête à travers une interrogation malicieuse : « Mais est-ce que le buveur est mort? Ou seulement bourré? ».
{"type":"Banniere-Basse"}