La cuvée 2006 des Transmusicales de Rennes à définitivement mis tout le monde d’accord, à coup d’electro-a-gogo, de rock à midinettes et de véritables ovnis musicaux. Compte-rendu des trois jours de festivités.
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Tout commence avec Cat Power dans l’immense hall 9. Accompagnée ce soir du Memphis Rythm Band, Chan Marshall est toute de noire vêtue comme pour signifier le deuil de ses années dépressives. La féline semble définitivement sortie du côté obscur, souriante elle vient miauler à l’oreille du public ses odes amoureuses mâtinées de jazz. La voix frissonne dans l’air froid de l’immense hangar et Le blues s’enfuit dans les courants d’air.
Parmi mes camarades, je suis l’une des seules à rester devant Razorlight tant je suis fascinée par le jeu parodique de Johnny Borrell. Le jeune éphèbe agite son petit « bip » moulé dans du jean blanc et entonne ses hymnes fm ultra-over-efficaces devant un parterre de minettes hurlantes. Il fait le Jim Morrison ou le Mike Jagger comme un élève de la Star Ac’, avec cette même bonne volonté (putassière). La poupée(-pop) traverse la scène torse-nu, se jette parterre, joue avec tous les clichés du rock n’roll et surtout de loin « on dirait de la variét », comme disent certains détracteurs.
Côté mise en scène The Horrors se situe à l’opposé des « lames-rasoirs ». Sous un nuage de fumigènes les cinq corbeaux anorexiques entament un bœuf post-garage qui crisse et fait vibrer les baffles. Le clavier recroquevillé sur son instrument comme une araignée sur sa proie arbore une coupe au bol parfaitement dessinée. Son saturé et voix d’outre-tombe : cette Famille Adams maîtrise parfaitement le genre. Les corps démantibulés par les stroboscopes finissent de nous faire frissonner d’épouvante et de plaisir.
Pour finir cette soirée contrastée, rendez-vous avec la sympathique tribu de I’m from Barcelona. Le jeu consiste tout d’abord à les compter : après tergiversations, il semble bien qu’il y ait 22 hurluberlus sous les confettis. Imaginez les Polyphonic Spree pris par un vent de folie, déchirant leurs aubes pour laisser apparaître des robes à fleurs, des shorts, un gros gant de boxe, des lunettes à pois, des moustaches, des barbes, des gilets de grand-mère…en somme un joyeux n’importe quoi porté par des hymnes pop simples et rafraîchissants. Et dans cet arc-en-ciel de ukulélés suédois, on cherche encore Michel Fugain’
Le deuxième soir, la plupart des parisiens débarquent, l’espace VIP devient foire de l’agriculture. On boit, on boit, on boit on se félicite, on se congratule. On se découvre des affinités, on fait de belles rencontres alcoolisées, on offre des coups à Patrice ou à Gérard, on se cache derrière les plantes vertes pour faire des blagues, on fait des allers-retours dans le bus des collègues du Mouv pour certains… Et surtout on participe à l’ambiance fébrile qui précède l’arrivée des Klaxons. En attendant, nous avons le plaisir de voir Ezra faire des bruits impressionnants avec sa bouche. Le human beat box ne s’en sort pas trop mal et parvient à tenir à coup de sons étranges et de mimiques hip-hop la foule fluo qui ne jure que par le buzz londonien.
Et voici enfin les Klaxons qui débarquent dans une ambiance survoltée et mettent le feu d’entrée en entonnant leurs tubes relayés par Internet, les détonants Magick et Atlantis to interzone font retentir les sirènes de la fête. Ambiance rave-party dans le grand hall’ Albert Hammond Jr prend la suite un peu plus tard : le rejeton guitariste des Strokes s’en sort très bien. Le joli boy en veston dégaine ses pépites pop-rock avec élégance et ingénuité relayées par une sono parfaite.
Curieux de découvrir Serena Maneesh, on se laisse surprendre par les longues plages saturées de ces suédois torturés. La longue fille blonde et pâle aux allures de Nico tient sa guitare à bout de bras et n’en finit pas de fasciner la gent masculine. A l’image de cette brindille incandescente, le groupe séduit par cette impression de feu sous la glace. Cold War Kids finit de nous scotcher, ces californiens commencent à peine à faire parler d’eux mais ce soir ils marquent des points dans l’univers saturé de l’indie-rock. Une énergie hors du commun’
Shy Child nous met une claque d’entrée de jeu et place la soirée sous le signe de la danse. Un type à la guitare synthé et un autre à la batterie qui tape très fort, des plages electro-dance inspirées par LCD Soundsystem et les affamés que nous sommes se régalent de cette electro-vintage décidément très convaincante.
Pour continuer dans la veine festive, voici les petites sud-américaines de CSS accompagnées de leur guitariste aux allures de Sergent Garcia. La sono n’est malheureusement pas vraiment à la hauteur de l’énergie distillée par les morceaux tubesques des demoiselles. Les miss se déchaînent devant un parterre adolescents et l’on admire le jeu de jambes de la chanteuse en collant panthère et mini-jupe qui finit par se jeter dans la foule. Rrrrriot girl !
C’est avec Justice que la nuit prend définitivement une autre tournure, les deux compères se montrent les plus à mêmes de faire vibrer le grand hangar 9. Les beats ravageurs font un carton, les trois nuits d’excès commencent à se faire sentir et le duo parle directement à nos âmes de noceurs invétérés. Parviendrons-nous à revenir sur terre ? Finalement on finira dans les bras de Gildas & Masaya, ou d’autres bras peut-être, à cette heure-ci, « we needed to believe in something » ce sont les Chemical Brothers qui nous le disent, alors peu importe la fatigue !
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