C’est devenu une habitude sur les rives de l’Arno, le fleuve qui scinde tranquillement Florence en deux : chaque saison, les palais et les jardins ouvrent leur portes à la fine fleur de la mode le temps du Pitti Uomo, le salon de mode masculine le plus couru de la planète. Le salon invite chaque […]
C’est devenu une habitude sur les rives de l’Arno, le fleuve qui scinde tranquillement Florence en deux : chaque saison, les palais et les jardins ouvrent leur portes à la fine fleur de la mode le temps du Pitti Uomo, le salon de mode masculine le plus couru de la planète. Le salon invite chaque saison des designers a venir défiler dans les écrins florentins habituellement fermés au public. Cette saison, c’était la maison italienne Moschino et son créateur britannique Jeremy Scott qui avaient les honneurs du salon, et les clés du Palazzo Corsini.
La folie du designer de Moschino et le classicisme florentin du lieu ne demandaient qu’à se télescoper. Dès le premier mannequin, le ton est donné : une tenue synthétique criarde bardée de logos et une imposante couronne royale. Les défilés de l’insaisissable Jeremy Scott sont presque séquencés, les tableaux s’enchainent comme dans une comédie musicale survoltée. Si la première salve de silhouettes s’inspirent des allures des paddocks des grands prix moto et formule 1, voire de celles des écuries cyclistes, la seconde s’amuse des costumes de cour époque Marie Antoinette puis 18ème. Concrètement, des jabots, des queues de pie, des boucles Sevigné, de la dentelle noire, des plumes, des matelassés satinés. Un joyeux bordel saupoudré de cartoons que Scott aime tant détourner. Ce dernier résume son idée : « une collision à grande vitesse du passé et du futur ».
Depuis sont arrivée à la tête de la création de Moschino, le designer poursuit sa démarche d’appropriation des éléments visuels chers à la culture populaire (ici les sports de vitesse, les costumes de cour et les cartoons), jusqu’à l’ériger en un jeu géant dont Moschino est devenu synonyme, et dont il campe le roi fou. Le voilà qui s’échappe des coulisses et entame son tour d’honneur dans le dédale de salles aux plafonds moulés. Lunettes de soleil, grosse chaine autour du cou et casquette de cycliste vissée sur la tête, il n’oublie pas de claquer un high five à l’inoxydable socialite italienne Cecilia Matteucci, avant d’aller retrouver ses potes Katie Perry et A$ap Rocky en backstage. Le roi est fou, vive le roi !
Par Gino Delmas / Photos Moschino