Vois-tu L’Intouchablecommeun portrait de toi ?Isild Le Besco –On peut toujoursdire que quand un personnage porteentièrement un film, le film devientà la fois un portrait du personnageet de la personne qui l’interprète.Mais je ne crois pas que L’Intouchablesoit un portrait de moi. Benoît n’estpas du tout un cinéaste qui essaiede voler des choses à ses […]
Vois-tu L’Intouchablecomme
un portrait de toi ?
Isild Le Besco –On peut toujours
dire que quand un personnage porte
entièrement un film, le film devient
à la fois un portrait du personnage
et de la personne qui l’interprète.
Mais je ne crois pas que L’Intouchable
soit un portrait de moi. Benoît n’est
pas du tout un cinéaste qui essaie
de voler des choses à ses comédiens.
Il ne veut prendre que ce qu’on lui
donne. Il n’essaie pas d’aller au-delà.
Du coup, les acteurs ont plutôt envie
de beaucoup lui donner.
Pourquoi, dans les deux derniers
films de Benoît Jacquot,
te déplaces-tu vers l’étranger ?
Je n’y avais pas pensé. Peut-être
qu’il me voit comme ça, comme
quelqu’un qui part. Je ne sais pas.
Peut-être que les gens en général
me voient comme quelqu’un
de difficile à attraper. Si on saisit
un bras, le corps n’y est plus.
Je comprends qu’on puisse
me voir comme ça. Je ne suis pas
sûre que ce soit tout à fait juste.
Mais j’ai du mal aussi à concevoir
qu’on puisse ne pas être comme ça,
c’est-à-dire avoir envie d’être
toujours un peu ailleurs.
Après Demi-tarif(2003), tu viens
de terminer ton deuxième
tournage de réalisatrice (Charly).
Les films avec Benoît Jacquot
ont-ils été une école de mise
en scène pour toi ?
Oui, bien sûr. Mais c’est le cas
de tous les tournages auxquels
j’ai participé comme actrice.
D’abord techniquement. Mais aussi
sur la méthode de travail. Ce que j’ai
vraiment appris sur les tournages
de Benoît, c’est qu’il était important
de mettre en scène non seulement
le film, mais tout le tournage.
Les relations des gens entre eux sont
vraiment totalement portées par
Benoît. Il est très fort pour imposer
une relation entre les acteurs,
les techniciens. Sur ses tournages,
il n’y a jamais de tensions, de
problèmes, donc d’énergie gâchée.
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