Le producteur, auteur et compositeur parisien Villeneuve se défait de son étiquette électro sur une collection de morceaux érudits.
Il pourrait s’appeler l’Homme qui venait d’ailleurs. Comme David Bowie dans le film du même nom, le Parisien Benoît de Villeneuve vient d’une autre planète. Un vieil astre où l’on a encore le droit d’assouvir tous ses fantasmes musicaux. En ce qui le concerne, il s’agit de réunir sur un disque les recoins les plus fantasques de sa belle discothèque, les décennies les plus éloignées : du folk virginal de Karen Dalton à la noise de My Bloody Valentine, de la soul de Betty Davis aux scores de Michel Colombier.
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Rien d’impossible dans ces mariages intergénérationnels pour cet homme de l’ombre recherché par tous les studios : Christophe Willem, Anaïs, Stephan Eicher, M83, Agoria… son nom circule autant dans la variété que dans l’electro ou le cinéma, avec ses BO pour les films Mesrine et Le Bal des actrices. Son approche, qui réconcilie chanson populaire et choix infiniment pointus, a mis deux albums pour trouver son parfait équilibre, après un premier essai marqué par l’electropop (First Date, 2005).
Depuis, son homestudio s’est enrichi d’un matériel analogique qui répand une réconfortante chaleur. Déjà, il y a ces guitares acoustiques qui résonnent tout au long du disque, comme s’il avait lancé un grand chantier de ravalement du monument folk. L’electro, cet artisan moderne l’a gardée comme un poil à gratter sa musique : elle lui offre les moyens de ses ambitions sans tomber dans la prétention.
D’autant qu’il laisse ses invités élargir ses horizons. Nili, chanteuse de Lilly Wood & The Pricks, embarque The Sun près des étoiles de Mazzy Star, l’Anglaise Liz Green trimballe le Parisien vers les rivages enchantés de CocoRosie ou de Joanna Newsom. Le Belge Ozark Henry vient ajouter son timbre grave à Yours and Yours quand la voix de Villeneuve est plutôt du genre à flotter gentiment dans les airs pop (Dry Marks of Memory, Day One).
Son grand écart éclabousse d’autres titres, comme Patterns ou Victoria Falls, qui s’envolent dans les contemplations extatiques de l’ambient et du shoegazing là où le single Death Race offre une relecture apaisée du krautrock. Plus qu’un fan, le garçon est une mémoire vivante de la musique, qu’il honore à merveille. La bonne nouvelle, c’est que celle-ci le lui rend magnifiquement bien.
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