Des maisons d’édition ébranlent et dépoussièrent les livres de cave. Quelques lectures nature et sans soufre qui bougent le secteur. “Commettons collectivement ce souhait halluciné d’ivrogne ; le vin naturel sera l’eau douce de nos révolutions”. La lecture du Manifeste pour le vin naturel (Les Editions de l’Epure) qui vient de paraître incite à faire péter les bouchons. […]
Des maisons d’édition ébranlent et dépoussièrent les livres de cave. Quelques lectures nature et sans soufre qui bougent le secteur.
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« Commettons collectivement ce souhait halluciné d’ivrogne ; le vin naturel sera l’eau douce de nos révolutions ». La lecture du Manifeste pour le vin naturel (Les Editions de l’Epure) qui vient de paraître incite à faire péter les bouchons. Alors que les foires aux vins garnissent nos caves, nos bibliothèques se remplissent d’ouvrages aussi enrichissants qu’un bon nectar. L’hégémonie des Bettane et Desseauve a laissé place au règne du Guide Hachette, lui même aujourd’hui remisé sous les toiles d’araignées. La valse des étiquettes entraîne une édition qui veut pousser le bouchon un peu plus loin. Pour éviter de se faire noyer par des PinardotheK ou des miss Vicky Wine hyper actives en ligne, le monde du livre se met à la page.
Du coup, les rayons se décantent.« Le secteur vin a doublé en quelques années », atteste Déborah Dupont-Daguet de la Librairie Gourmande (75002) en regardant sa pile de Pépites de cavistes (La Martinière), de Vin c’est pas sorcier (Mango) et autres Leçons de Dégustation (La Martinière), qui embouteillent cette rentrée. Les éditions de l‘Epure n’en reviennent pas : leur Mimi, Fifi et Glouglou, première BD vinicole à sortir en 2013 s‘est vendue à plus de 20 000 exemplaires. Un retirage sera disponible le 22 octobre, en même temps que le tome 2.
Plusieurs ouvrages attaquent ainsi docilement le domaine. Par la musique – le Wine on tour (Epure) de Claire Brosse et Stéphane Derenoncourt préfacé par Iggy Pop – ou par l’assiette, car il semble désormais acquis qu’il faille boire en mangeant. Ainsi cet Accords mets et vins d’Olivier Bompas (Hachette) pour néophytes curieux ou ce Je sers quoi avec ce plat (Mango) ou celui d’Estelle Touzet, la future sommelière du Ritz et son Une sommelière dans votre cuisine (Chêne), un ouvrage très pédagogique qui part de la bouteille pour arriver à la fourchette.
Des projets de livres autour du vin, Sabine Bucquet, fondatrice des éditions de l‘Epure, en reçoit à la pelle. Cette éditrice engagée qui publie ce qu’elle aime – « ce que je bois et ce que je mange ! » – fait sa « rentrée littréraire » avec pas moins de cinq sorties (dont 50 nuances de Gros rouge et Tronches de vin tome 2) qui marquent un virage dans les bonnes feuilles de la vigne. Héritière naturelle d’un secteur d’intérêt quelque peu délaissé depuis la mort de Jean-Paul Rocher, l’Epure s’engouffre assoiffée dans le domaine « nature ». « C’est net, il y a de plus en plus d’attention pour notre secteur », constate Leatitia Pantalacci qui tente à la cave des Buvards de convertir les marseillais du pastis au rouge non soufré. « Les gens restent hyper mal informés et sont surpris quand on leur explique qu’il y a autant de produits chimiques dans le conventionnel ».
Le petit Manifeste pour le vin naturel, 20 pages qui se lisent en un trajet de métro, jette un pavé dans la vigne. « Le vin naturel est au vin ce que l’utopie est à la société : il porte en lui les prémices d’un autre système« , écrit son auteur. « C’est le moment, tous les projecteurs sont braqués sur ces vins là », assène Antonin iommi Amunategui qui milite pour faire « comprendre la problématique et les enjeux qui sont juste derrière le vin naturel ».
Sabine Bucquet se délecte. Son petit livre rouge s’arrache depuis 15 jours comme des pieds de vigne : « c’est le propos que ceux qui n’y connaissent pas grand chose mais en entendent parler attendaient ». D’aucuns ont ainsi l’espoir, que mieux informé, on boira donc mieux.
Cécile Cau
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