Styliste devenu illustrateur, Richard Haines, a redonné au dessin de mode ses lettres de cool. Il couvre les défilés pour le NY Times, collabore avec de grandes maisons et est adulé par Kanye West. 40 000 personnes le suivent sur Instagram. Été 63, Richard Haines a dix ans, il vient de découvrir les croquis de Givenchy dans […]
Styliste devenu illustrateur, Richard Haines, a redonné au dessin de mode ses lettres de cool. Il couvre les défilés pour le NY Times, collabore avec de grandes maisons et est adulé par Kanye West. 40 000 personnes le suivent sur Instagram.
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Été 63, Richard Haines a dix ans, il vient de découvrir les croquis de Givenchy dans le New York Times de son grand-père et passe ses vacances à essayer de les reproduire. Lui qui esquissait déjà des robes de mariée quand les autres petits garçons dessinaient des avions est ébloui par la possibilité de transmettre autant d’informations avec si peu de traits. Aujourd’hui, à un peu plus de soixante ans, Richard Haines est, non seulement l’un des illustrateurs de mode les plus courus, mais aussi un artiste à qui Londres et New York (Daniel Cooney Fine Art Gallery) viennent de consacrer deux expositions personnelles. À Paris, le mois dernier, en marge de son show et fidèle à ses habitudes, Richard Haines court les défilés de la fashion week homme. Ses favoris cette saison ? Raf Simons, Berluti, Officine Générale et Ami, dont il a dessiné les créateurs pour la galerie Huberty & Breyne.
Front raw, grosses lunettes noires et sac à dos orange – « Comme son carnet de croquis et son crayon, il ne sort jamais sans, il a bien vécu ! » s’amuse Hector Sanz Castano, assistant galeriste chez Huberty & Breyne -, il croque en direct outfits, spectateurs ou détails du runway. « J’essaie de me challenger et de dessiner aussi vite qu’il faut de temps pour prendre une photo et la poster en ligne », nous explique Richard Haines. « Quand je suis arrivé à New York dans les années 70, l’illustration disparaissait au profit de la photo, notamment dans les publicités, cela s’est amplifié dans les années 2000 avec le numérique. De nos jours, avec les réseaux sociaux, le dessin de mode joue un rôle essentiel, il contrebalance la profusion d’images », avance l’illustrateur. « C’est un moyen de donner un point de vue différent sur cet univers ; plus que capturer, j’aime en montrer moins pour que le public puisse entrer dans l’illustration et y jouer. »
S’inspirer de la rue
Chanel allongée, Warhol perruqué, journaliste pressée, fashion designer inspiré ou simple passant looké, Richard Haines offre une nouvelle vision de la sphère fashion, non sublimée, faite de détails et de moments. Comme lorsqu’il tombe sur ce serveur du Flore, l’oeil rivé sur ses sms lors de sa pause. « Nous nous promenions avec Pierre (Mahéo, d’Officine Générale, ndlr) quand j’ai vu ce type avec son gilet, son tablier et son plateau, on aurait très bien pu être en 1900, sauf qu’il avait son téléphone, je l’ai shooté et dessiné plus tard. » Qu’il esquisse « live » ou d’après photos, Richard Haines aime s’inspirer de la rue et notamment de celle de New York où il habite. « J’y ai beaucoup dessiné avec Jitan, ma fille, quand elle était petite, puis elle est devenue ado… » La jeune femme vient d’avoir 18 ans et étudie l’art dans la même université que lui en Virginie, où il a grandi. « J’étais abonné à « Vogue » Paris, je devais être le seul de tout l’État ! »
Aujourd’hui, un divorce et un coming out passés, Richard Haines vit à Brooklyn, dans le quartier hispano-hipster de Bushwick. Dans son studio, il aime échanger en voisin avec d’autres artistes voisins, comme Patti Spliff, drag queen performer. « Il est à l’inverse de ce monde de la mode où il faut avoir une personnalité, il n’est pas exubérant, il est dans la simplicité et la générosité, ce qui lui importe, c’est de diffuser, de faire le lien entre les artistes », confie-t-on à la galerie. Ce pont, c’est aussi celui qu’il fait entre travaux personnels et commandes pour la presse ou les marques, un univers qu’il connait parfaitement, puisqu’avant d’être illustrateur, Richard Haines, designer de formation, a été styliste pendant vingt-cinq ans. Il a collaboré avec Bill Blass, Perry Ellis ou encore Calvin Klein. Ce n’est qu’en 2008, crise oblige, qu’il se remet à dessiner en créant le blog « What I saw today ». Succès.
Il couvre les défilés
Kanye West partage une dizaine de ses dessins, Style.com écrit un reportage sur lui, J.Crew lui consacre une vitrine et le New York Times (comme Antonio Lopez, son idole, qui avait révolutionné le dessin de mode dans les années 60/70) lui propose d’illustrer la section « Top 10 ». Il couvre désormais les défilés de mode masculine pour le quotidien américain, ainsi que pour son cousin anglais, le Sunday Times. Viennent ensuite les collaborations avec des maisons de couture, dont Prada et Dries Van Noten qui lui demande de dessiner les patterns de sa collection homme printemps-été 2015. Sur les soies du belge, Richard Haines accroche d’habiles danseurs et devient l’étoile des illustrateurs bloggers, dont il avait lancé la tendance. Depuis l’apparition d’Instagram en 2010, ce sont plus de 40 0000 abonnés qui viennent, au-delà du vêtement, découvrir un univers et, bien sûr, un trait particulier, « derrière l’impression de simplicité, il y a un trait juste, sans repenti, un incroyable sens des proportions », souligne l’assistant galerie, avant d’ajouter, « la nervosité de la ligne a quelque chose de Cocteau ».
Anne-Laure Griveau
ONETSHIRT by Richard Haines, ligne de tee-shirt bientôt disponible chez colette et sur onetshirt.eu
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