Chaque semaine, nous analysons les temps forts de la sixième saison de Game of Thrones. Les « bons » peuvent-ils l’emporter ? Il y a quelques saisons encore, cela semblait impensable. Pourtant les héros commencent à se rassembler pour faire front commun, à mesure que la série opère un revirement épique galvanisant.
« La vraie guerre n’est pas entre quelques maisons qui se chamaillent. Elle est entre les vivants et les morts. Et ne vous méprenez pas : les morts arrivent. » Après avoir rabâché le même message six années durant, Game of Thrones change son fusil d’épaule. Ce n’est plus l’hiver qui arrive, mais bien l’armée de Marcheurs Blancs, quasi invincibles, qui ne va pas tarder à débouler sur Westeros et exterminer jusqu’au dernier des hommes. Aussi les querelles de clans paraissent bien futiles. Mais pour avoir une chance contre ces zombies increvables, il faut que « le Nord soit uni« . Jon Snow et sa demi-sœur Sansa continuent ainsi leur démarchage, allant à la rencontre des alliés historiques des Stark afin d’avoir assez d’hommes pour reprendre le château de Winterfell des mains du vicieux Ramsay Bolton.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Doucement mais sûrement, Game of Thrones trace le chemin qui nous conduira à l’assaut final, l’extraordinaire bataille qui se profile à l’horizon de cette fin de saison, ou peut-être de la prochaine. Car la série de HBO va bientôt tirer sa révérence : en avril dernier, les showrunners David Benioff and D.B. Weiss ont confié à Variety qu’une fois la saison 6 terminée, il ne resterait que treize épisodes à tourner (sept pour la saison 7, six pour la saison 8).
Les bases d’une confrontation finale épique sur fond de grandeur d’âme
Comme dans toute bonne série épique, le combat doit être perdu d’avance. Une énième adaptation de David contre Goliath, avec moins de lance-pierres et beaucoup plus de figurants. Au cas où on aurait encore des doutes sur le statut d’outsider de Jon Snow et ses alliés, ce septième épisode enfonce un peu plus le clou en montrant leurs difficultés à faire grossir leur armée. Où dix minutes de négociations avec la jeune reine de la maison Mormont leur permettent de décrocher à bout de bras « 62 hommes », soit une goutte d’eau par rapport aux forces des Bolton. Mais qu’importe : l’essentiel est qu’ils soient « fiers et féroces ». Les bases d’une confrontation finale épique sur fond de grandeur d’âme sont posées.
Cette sixième saison marque un tournant idéologique fort dans l’histoire de la série. Jusqu’ici, les méchants sont toujours sortis vainqueurs. Même si les Joffrey et autres Tywin Lannister ont succombé, la série a constamment suggéré qu’un personnage fondamentalement bon échouerait systématiquement. C’est à présent aux « gentils » de prendre le pouvoir. De Snow à Arya en passant par Daenerys et Tyrion (absents de cet épisode), sans oublier Maergery et la fratrie Greyjoy (en route pour rejoindre la Reine des dragons), les héros sont de plus en plus nombreux à se mobiliser et faire front commun.
Même Cersei Lannister, jadis ennemi numéro un, parvient à attirer notre pitié — un revirement entamé depuis la marche de honte de la fin de saison 5 —, lorsqu’elle prend conscience, trop tard, que s’allier avec le Grand Moineau était une erreur. « J’ai fait entrer une armée de fanatiques jusque devant notre porte », regrette-t-elle devant une impassible Olenna Tyrell, elle-même forcée de quitter Port-Réal depuis que les religieux ont pris le pouvoir.
Les hommes contre les concepts
Tout ce qui était sacré dans Game of Thrones vacille, jusqu’aux catchphrases les plus célèbres. Après le passage de « winter is coming » à « the dead are coming », on assiste à une discussion entre Jaime Lannister et Bronn, devenu son bras droit. « Un Lannister paie toujours… » entreprend le Régicide, rapidement interrompu par son interlocuteur. « Ne le dis pas. Putain, n’essaie même pas de le dire », s’énerve Bronn en s’éloignant, scellant la perte d’autorité de celui qui, auparavant, était un des hommes les plus puissants du royaume des Sept Couronnes.
Alors que Game of Thrones était une histoire d’hommes qui se battaient entre eux, elle devient une série d’hommes qui se battent contre des concepts plus grand qu’eux. Que ce soit la magie qui a créé les Marcheurs Blancs à la religion qui s’immisce dans les arcanes du pouvoir, les ennemis doivent avoir l’air invincibles. De quoi renforcer la dimension homérique d’une série qui monte en puissance et pourrait bien se terminer exactement comme on le souhaite : avec grandeur et habileté.
{"type":"Banniere-Basse"}