Peu médiatisée, la journaliste Vanessa Burggraf travaille depuis 10 ans sur la chaîne publique France 24. A la rentrée, elle rejoindra l’équipe d’ONPC. Mais qui est réellement celle qui anime l’émission Le Débat?
Avril 2016, sur le plateau télé de l’émission Le Débat sur France 24. Prenez un défenseur de la cause arménienne qui plaide pour un Haut-Karabagh indépendant, un ambassadeur azerbaïdjanais farouchement hostile à cette idée et vous obtiendrez une scène qui s’apprête à virer au drame.
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« En tant que militant du lobby arménien, vous n’avez pas de leçons de démocratie à nous donner, s’insurge Elchin Amirbayov, ambassadeur de l’Azerbaïdjan en France.
– Moi je suis un Français monsieur, je vis dans un Etat démocratique, rétorque Frank Papazian, co-président du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France.
– Vous vivez au chaud dans un fauteuil !, lui assène son détracteur.
– Allez, alors là vous voyez malheureusement, on n’avance pas dans le débat, c’était bien jusqu’à maintenant et soudainement ça ne va plus, coupe Vanessa Burggraf. »
Brillante démonstration d’une reprise en main d’un débat houleux sur le point de dégénérer. Celle qui a su rebondir, freiner les deux participants et prendre les rênes de la discussion, c’est elle : Vanessa Burggraff, journaliste à France 24 depuis 10 ans. Originaire de Mulhouse, elle a jusqu’à aujourd’hui accompli un parcours sans faute : hypokhâgne, khâgne, DEA de lettres, DESS de science politique.
Professionnellement, elle a œuvré d’abord à Thé ou Café en tant qu’assistante de Catherine Ceylac mais aussi à TV5 Monde, France 2, Bloomberg puis enfin France 24. La concernée a confié avoir « une bonne étoile » sur RTL mardi 31 mai. Son nom ne dit peut-être pas grand-chose à ceux qui ne regardent pas la chaîne du groupe France Médias Monde.
Les Français la découvriront pourtant à la rentrée dans On n’est pas couché. Découverte l’an dernier par Laurent Ruquier, elle vient remplacer Léa Salamé, qui est par ailleurs une amie à elle. Vanessa Burggraf a également indiqué sur RTL : « Je me sens proche de Léa Salamé, car avant d’être polémiste, elle est journaliste. »
Contacté par Les Inrocks, Yann Moix confie qu’il n’a pas encore rencontré sa nouvelle partenaire mais lui a déjà adressé ses félicitations par téléphone. « Vanessa Burggraf est vraiment heureuse de venir. Elle m’a fait une très bonne première impression ; Elle est prête à faire en sorte qu’il n’y ait pas de tensions et que tout se passe bien. J’ai senti une grande énergie chez elle aussi !« , se réjouit l’écrivain chroniqueur d’ONPC. Energie : un mot qui revient en boucle dans la bouche de ceux qui côtoient Vanessa Burggraf.
Maîtrise et passion dans son travail
Sous des dehors calmes et posés se cache en fait une réelle passionnée. « Elle déborde d’énergie, elle est toujours enthousiaste. Et elle sait tenir son antenne », remarque François Picard, présentateur de l’émission Le Débat sur la chaîne en anglais de France 24 dont le bureau est collé au sien. Un avis partagé par Valérie Fayolle, journaliste également à France 24 et proche de l’intéressée. « Elle n’est pas ce qu’elle paraît. C’est ce qui est intéressant chez elle. Vue de l’extérieur, elle a un côté beauté froide et diaphane. Mais à l’intérieur, c’est le feu ! Vanessa est beaucoup plus Charlize Theron que Grace Kelly », s’exclame-t-elle.
@VanessaBurggraf J'aime tellement votre débat. C'est ton ami AKPADJI LAÏSSI du Bénin. je suis sur le +22995724113 ou le+22966932162
— Akpadji Laïssi (@AkpadjiLassi) February 23, 2014
Ne pas perdre la maîtrise d’un débat télévisé nécessite une bonne expérience et un véritable sang-froid. Vanessa Burggraf ne se laisse pas atteindre. Au contraire, elle rebondit. L’invité répond à côté ? Elle le reprend ne le laisse pas s’échapper, sans être agressive ou désagréable. Elle titille, cherche la petite bête, ne s’en laisse pas compter. « Un roseau qui plie mais ne cède jamais« , tranche Valérie Fayolle.
« Elle tient extrêmement bien les débats. J’ai souvent été en direct avec elle qui était en plateau. On est rassuré car elle ne pose jamais de questions bêtes. Elle bosse ses sujets, les connait. Elle n’est pas juste une présentatrice de chaîne info », ajoute Antoine Mariotti, journaliste à France 24. Et d’ajouter : « Il n’y a pas une seule fois où je l’ai senti tomber de l’armoire comme si elle apprenait quelque chose. Et même sur des sujets compliqués, elle arrive à simplifier. » Sylvain Attal, directeur des nouveaux médias de la chaîne confirme : « Elle n’est pas superficielle. Pour le Débat, il faut une maîtrise du fond, ça ne s’improvise pas. C’est une grosse bosseuse. »
J'aime bien @VanessaBurggraf et le @DebatF24 ! Bon choix pour succéder à Léa Salamé dans #ONPC 😃👍🏼 @ONPCofficiel pic.twitter.com/5GtohgR42w
— 🐘 (@Ripisylve) May 29, 2016
Pour chaque émission, Vanessa Burggraf travaille donc ses sujets au maximum. L’Afrique reste d’ailleurs un thème qu’elle maîtrise particulièrement. Le rayonnement international de France 24 et en particulier celui sur le continent africain ont fait d’elle un modèle dans ces pays. Elle a accompli de nombreux voyages et a même envisagé d’acheter une maison au Sénégal. « Elle ne peut pas aller là-bas sans être alpaguée dans la rue. Sa passion, c’est l’Afrique. Je la surnomme même l’Africaine blanche », plaisante Valérie Fayolle.
A la recherche de la vérité
Quand elle travaille un nouveau sujet, Vanessa Burggraf n’hésite pas à demander l’avis d’un journaliste spécialiste d’un domaine. » Elle est toujours pugnace et tenace », juge Valérie Fayolle en souriant. Son but ? Informer et partager, deux valeurs fondamentales du journalisme. Détruire, attaquer violemment n’est pas dans son tempérament. « Elle n’assassine jamais quelqu’un gratuitement. Elle est à la recherche de la vérité. Elle s’en fiche de faire le buzz, elle n’a pas besoin de ça », observe François Picard. Le directeur adjoint connait bien Vanessa Burggraf. Il est « son alter-ego en anglais « , comme il aime le rappeler.
« C’est aussi ce que j’aime chez elle, je ne l’ai jamais vu arriver avec un parti-pris, même sur des sujets difficiles comme la Syrie. Elle est juste », renchérit Antoine Mariotti. Etre juste, dans le vrai, dans la neutralité sont les credos de Vanessa Burggraf. De potentiels atouts pour ONPC selon François Picard : « C’est une année électorale. Les gens veulent que les journalistes posent de vraies questions, qu’il n’y ait pas de langue de bois. Ils en ont marre des discours convenus. Vanessa ne démolit pas mas elle va au fond des choses. Elle ne peut faire que du bien à ONPC. » La principale concernée a, pour sa part, déclaré sur RTL : « Il va falloir que je réfléchisse, que j’argumente pourquoi j’ai aimé, pourquoi je n’ai pas aimé. »
Autres qualités sur lesquelles ses collègues et amis se retrouvent : son courage et sa spontanéité. Vanessa Burggraf n’a pas hésité à aller interviewer des habitants au Caire. Elle ne laisse pas l’angoisse l’envahir. « Quand il y’avait des gaz lacrymogènes place Tahrir, elle y est allée. Elle était aux premières loges mais n’a pas eu peur. Elle était partante à chaque fois pour aller dans les quartiers », se souvient François Picard.
@VanessaBurggraf je vous découvre pendant mes vacances et je vous trouve excellente !
— Laurent Ruquier (@ruquierofficiel) July 12, 2015
Spontanée, Vanessa Burggraf sait l’être sur un plateau télévisé, chose moins aisée que sur le terrain. Elle ne lit pas son prompteur et reste naturelle. Pas de sensation de mise en scène. Toutefois, et c’est l’un là d’un des points forts de cette journaliste, elle sait séparer hermétiquement son travail du reste de sa vie. « Elle se met des écoutilles », assure Valérie Fayolle. Ce dernière est devenue l’une des meilleures amies de Vanessa Burggraf au fil des ans. Une amitié qui va jusqu’à partir ensemble en vacances. Valérie Fayolle se rappelle d’ailleurs « un voyage en Corse, il y a quelques années, en bord de la mer. C’était le coucher de soleil, on buvait un verre de rosé. Vanessa s’est tournée vers moi et m’a déclaré : ‘Tu te rends compte de ce bonheur et de la chance qu’on a ?’ ».
Félicitations @VanessaBurggraf ! On espère une touche d'Afrique de tps en tps avec vous sur @France2tv à cette heure de grande écoute !
— Pierre Boisselet (@PierreBoisselet) May 30, 2016
« C’est une grosse perte pour France 24 »
Que pense France 24 d’un pareil départ ? « C’est une grosse perte pour nous mais une sacrée bonne pioche pour Laurent Ruquier », sourit Antoine Mariotti en rappelant cependant que c’est une grosse opportunité pour Vanessa Buggraf.
Vanessa Burggraf, Valérie Fayolle et d’autres journalistes de France 24 s’étaient fait la promesse de se réunir une fois par an en août pour « voir qui avait révolutionné le plus sa vie dans l’année ». « Là, Vanessa a gagné, sans aucun doute, c’est son année. C’est un gros défi. Passer de France 24 à ONPC est une nouvelle aventure », soutient Valérie Fayolle. « Je suis sûr qu’elle va être excellente, comme d’habitude », conclut Antoine Mariotti. Pour savoir si sa prédiction se révèle exacte, rendez-vous en septembre.
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