Jean-Luc Mélenchon était invité par Pierre Laurent à l’ouverture du 37e Congrès du PCF ce 2 juin à Aubervilliers. Alors que leurs relations s’étaient distendues depuis la proposition de candidature du co-fondateur du Parti de gauche en février dernier, les communistes se rallieront-ils à lui pour 2017 ?
“Le temps du commun”. Le titre du texte débattu par le 37e congrès du PCF s’étend sur fond rouge aux Docks de Paris ce 2 juin à Aubervilliers, tandis que résonne La Jeune garde entonnée par les Jeunes communistes. Si sur le plan conceptuel, l’intitulé se réfère à un principe qui traverse les luttes sociales du monde entier, il peut aussi sembler ironique compte-tenu des divisions qui ont brisé l’unité du Front de gauche depuis 2012. En particulier depuis que Jean-Luc Mélenchon a proposé sa candidature à la présidentielle à travers le mouvement La France insoumise en février dernier, alors que le PCF se disait encore intéressé par l’idée d’une primaire de toute la gauche – y compris François Hollande.
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« L’accueil a été bon »
La donne a-t-elle changé depuis ? Le temps des communs est-il vraiment arrivé ? A l’annonce de la venue de Jean-Luc Mélenchon au congrès du PCF à l’invitation de Pierre Laurent, les mauvaises langues ont cru qu’il arriverait en territoire hostile. Il n’en a pourtant rien été en apparence : les deux hommes se sont même fendus d’une accolade réconciliatrice. Tandis qu’à la tribune, dans son discours d’ouverture, la maire d’Aubervilliers Meriem Berkaoui s’est adressée “aux insoumises et aux insoumis”. Ce qui n’a pas échappé au coordinateur du Parti de gauche, Eric Coquerel, également présent :
“Je note que beaucoup de médias glosaient sur l’accueil qui allait être fait à Jean-Luc Mélenchon : il a été bon, c’est le moins que l’on puisse dire, et les gestes faits à son attention ont été de sympathie”, souligne-t-il.
Excellent accueil au #congresPCF. Riche rencontre d'une heure avec @plaurent_pcf.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) June 2, 2016
Est-ce à dire que les communistes finiront par se rallier à sa proposition de candidature ? Le patron du PCF et le député européen se sont entretenus pendant une heure en aparté, mais le choix officiel des communistes n’est pas encore pour maintenant : “Il ressort de cette discussion que le PCF va rester sur son calendrier, qui renvoie sa décision en octobre, rapporte Eric Coquerel, qui y a assisté. Et la candidature de Jean-Luc Mélenchon n’est pas exclue”.
“Il y a une logique pragmatique à sa candidature”
De fait, certains communistes ne cachent pas leur soutien à la “France insoumise” à titre individuel. C’est le cas de Marie-George Buffet, ex-secrétaire nationale du PCF et candidate du parti en 2007, qui a appelé ses camarades à rejoindre la place de Stalingrad à Paris le 5 juin à 14h pour le meeting organisé par les troupes de Jean-Luc Mélenchon.
De même, Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble, sera présente à la fois au pique-nique organisé par le PCF le 5 juin à Aubervilliers, et au meeting de Jean-Luc Mélenchon à Stalingrad. Favorable à un rassemblement “de toute la gauche opposée à la politique gouvernementale”, et à un “rassemblement citoyen”, elle estime que la candidature de Jean-Luc Mélenchon “a un socle électoral réel” : “Il y a une logique pragmatique à sa candidature”.
“Dans ce rassemblement, je ne vois pas pourquoi il n’y aurait pas à minima tous ceux qui étaient là en 2012, ajoute-t-elle. Il n’y a aucune raison pour qu’on ne les retrouve pas. Il y a eu des déceptions, on n’a pas été à la hauteur de l’espérance de 2012, mais au niveau politique nous sommes toujours d’accord, et vu la déception suscitée par la politique de François Hollande, on devrait même pouvoir élargir.”
« It’s time »
L’hypothèse d’une explosion façon puzzle de la gauche aux élections n’est cependant toujours pas écartée. Le secrétaire national d’EE-LV a fait savoir qu’il y aurait un candidat écologiste “pas forcément issu des rangs d’EE-LV” et que “ce ne sera pas Jean-Luc Mélenchon”. Les frondeurs, de leur côté, ne semblent pas décidés à quitter le PS.
Quant aux communistes, Eric Coquerel note “un progrès” : “L’idée d’une primaire à laquelle participerait François Hollande ou un de ses avatars n’est plus d’actualité pour les communistes”. Que leur décision soit remise à octobre ne change pas la stratégie de Jean-Luc Mélenchon, qui a choisi de proposer sa candidature tôt, pour ne pas laisser le terrain politique déserté par la gauche radicale, alors que d’autres entraient déjà en campagne pour les primaires. “L’élection est dans un an, l’heure tourne, it’s time, conclut Clémentine Autain. A un moment donné il faut qu’on avance”.
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