Choreography

Le regard planté dans vos yeux, assise devant une tasse de thé, Lauren Hoffman peut parler pendant des heures de l’industrie musicale. Du haut de ses 28 ans, la jeune femme en a déjà expérimenté les méandres, des majors aux labels indépendants. Signée à 17 ans par Virgin, Hoffman, auteur d’un premier album électrique et fulgurant, Megiddo (1997), se retrouva en moins de deux propulsée sur le devant de la piste.

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Bien que plébiscité en France, l’album ne rencontre pas le succès escompté auprès du public américain, qui ne voit en elle qu’un succédané de Fiona Apple. Hoffman claque dès qu’elle le peut la porte, monte son propre label, Free Union Records, et enregistre From the Blue House (1999), un second album folk et printanier, à mille lieues de la rage adolescente de Megiddo. Peu douée, dit-elle, pour la gestion d’un label indie, elle prend alors le large et tente de vivre loin du monde de la musique.

Elle voyage, tombe amoureuse, s’installe à New York, étudie la danse contemporaine. Des expériences qui nourrissent aujourd’hui, six ans après, Choregraphy, un nouveau disque éblouissant. Servie par des arrangements majoritairement acoustiques qui évoquent Spain (pour l’ampleur et l’espace), la jeune femme y affirme un univers très personnel et déploie un songwriting qui a su laisser de côté les fioritures adolescentes. Une sobriété qui convient à merveille à la profondeur et la mélancolie de sa musique, qui dissèque sans relâche relations amoureuses (Broken), états intérieurs tortueux (Another Song about the Darkness) ou troubles métaphysiques, comme dans Solipsist, le meilleur titre de l’album : If nobody sees us, do we exist ? ( Existe-t-on si personne ne nous voit ??). Une fille à ne décidément pas lâcher des yeux.