L’étrange chanson française, à la fois rêche et sensuelle, de Katel.
Sans aller jusqu’à évoquer une famille, on peut parler d’affinités : avec Yann Tiersen, qui découvrit Karen Lohier sur une scène de la Manche, et poussa pour elle la porte du premier studio ; puis Jeanne Cherhal – dans le rôle de la brillante soprano – et Nosfell, ici invités à plusieurs reprises, comme on sème les repères d’une expression artistique ouverte aux quatre vents des influences du rock ; Dominique Blanc-Francard enfin, producteur du projet, en canal historique d’une chanson française curieuse et inventive.
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Après Raides à la ville, album mort-né dans sa forme définitive (2007), la jeune femme a beaucoup écrit, écouté Björk – davantage comme témoin que comme icône – et lâché la bride au surréalisme, à l’étrange, et à une construction en poupées-gigognes qui rend ses chansons volatiles et intriguantes. Si Decorum est un dédale, Katel nous y accompagne, de quelques arpèges de piano à l’extase des envolées de cordes, des guirlandes de guitares électriques au ronflement des acoustiques, et des irruptions des cornemuses aux incursions des bombardes.
Jamais l’ambiguïté ne se lèvera (“Je suis une muse/Ou une putain”) et Katel ne sacrifiera le sens (une écriture tour à tour cinématographique et intuitive) au son (le rock sombre de Noir Désir, mais également une pop éclairée, voire les tentations d’un élégant trip-hop). De ses nombreuses pérégrinations, Katel rapporte cette offrande de la solitude, du mystère et de la liberté. Un Decorum sans décorum.
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