Alors que Les Rolling Stones dévoilent leur nouvel album “Hackney Diamonds”, retour sur la critique de leur dernier album de reprises “Blue & Lonesome”.
Avec ce retour aux sources du Chicago blues, le groupe anglais signe son meilleur album depuis… oh ! lala !
Regarder dans le rétroviseur pour y apercevoir le temps perdu ou retrouvé est une tendance proustienne répandue chez les vieux – et les rockers n’y échappent pas. Alors que Dylan replonge dans le folk-blues de son enfance et dans le Great American Songbook qu’écoutaient ses parents, alors que Springsteen n’en finit plus de relustrer ses grands albums passés et d’exhumer ses inédits, les Rolling Stones reviennent enfin vers la source de leur désir et de leur musique, le blues, et vers leur ville d’adoption, Chicago : bonne idée, dont on rêvait depuis longtemps.
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Plutôt que continuer à pondre de mauvaises copies éculées de Jumpin’ Jack Flash ou cavaler à la remorque des dernières tendances, Mick et Keith ont réuni leurs vieux grognards pour un bon barbecue entre potes où seule compte la notion de plaisir. Ils ont allumé les braises d’une prod bien chaude, ont grillé dessus les meilleures pièces des meilleurs bouchers du southside (Willie Dixon, Jimmy Reed, Little Walter, Howlin’ Wolf…) pour un résultat saignant, juteux, charnu, persillé, qui ne révolutionne en rien la cuisine blues mais fait un bien fou aux papilles.
Pas de calculs
Que l’on goûte Just Your Fool, son shuffle chaloupé et son harmonica pleine mire, All Your Love, son tempo reptilien qui exhale les fluides corporels, Everybody Knows about My Good Thing rehaussé par les amples riffs de l’ami Clapton, Hoo Doo Blues où Jagger endosse la panoplie du Noir du bayou ou Just Like I Treat You qui rappelle les cavalcades funky blues d’antan à la It’s All Over Now, tout n’est que madeleine fondante et dorée à point. On aurait peut-être souhaité une prod plus variée, un blues acoustique par-ci par-là, mais à ces quelques réserves près, ça le fait.
Après plus de cinquante ans d’aventures, des dizaines de classiques et une période où ils incarnèrent le nirvana incandescent du rock’n’roll way of life, qu’attend-on des Stones ? Plus grand-chose sinon ça, justement : un disque où ils bandent sans calcul, où ils lâchent les chevaux sans ployer sous les enjeux, où ils prennent un kiff basique immédiatement transmissible à l’auditeur. It’s only blues, but we like it!
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