Sélectionné au festival Impatience avec Lotissement, Tommy Milliot mêle au minimalisme de sa mise en scène un jeu tout en nuances où miroite le clair-obscur des sentiments.
Le pitch de la pièce de Frédéric Vossier est simple. Un homme accueille une femme dans sa maison, sous le regard de son fils qui les surveille à distance et les filme. Quant à savoir si l’image vue est le reflet de la réalité ou le support aux fantasmes du voyeur, l’histoire ne le dit pas et la mise en scène non plus.
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Les zones d’ombre que renferment chaque personnage ne seront pas éclaircies, ni les motivations intimes et subjectives qui les font se rencontrer dans ce pavillon banal d’un quelconque lotissement au bord de la mer.
Patricia est une jeune femme séduisante et sincère dans son attirance pour cet homme, CRS à la retraite, père de trois enfants dont l’un vit encore près de lui. Elle sait ne pas l’aimer, tout en trouvant à ses côtés assez de confort matériel et affectif pour croire que leur histoire pourrait devenir sérieuse. Lui en est bien conscient et se dit que lui faire un enfant pourrait la faire rester.
La communication qui ne passe pas, les reproches à demi-mot
Et puis avec son fils, qui a peu ou prou le même âge, il y a une distance qui les sépare, la communication qui ne passe pas, les reproches à demi-mot ; et cette surveillance filmée où la reconstruction de souvenirs se mêle aux images volées dans la chambre d’à côté et font naître le soupçon sur une supposée violence sexuelle du père.
La découpe de l’espace de jeu opérée par Tommy Milliot restitue cette géométrie des sentiments où la confiance se heurte à la méfiance, le désir à la peur, l’amour à la déception. “La chambre comme seul lieu du drame, indique le metteur en scène. Avec cette sensation de zoom vers l’intérieur : du lotissement vers la maison, de la maison vers la chambre, de la chambre vers les écrans. Un zoom dans l’intime.”
Une intimité à laquelle chacun des comédiens – la fille, Eye Haidara, le père, Miglen Mirtchev, et le fils, Isaïe Sultan – donne un éclairage délicat et juste, gardant jusqu’au bout une part de mystère. Le cœur est un chasseur solitaire.
Lotissement de Frédéric Vossier, mise en scène Tommy Milliot, les 2 et 4 juin au CentQuatre, dans le cadre d’Impatience, 8e édition du Festival du théâtre émergent, 104.fr
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