En chantier depuis trois ans, choyé comme une œuvre trop fragile, voici enfin le premier album solo de Burgalat. The SSSound of mmmusic est tout sauf un disque de faiseur à la Mike Flowers Pop, mais au contraire un précipité de ce que Burgalat sait faire de mieux en matière de chansons à tiroirs et […]
En chantier depuis trois ans, choyé comme une œuvre trop fragile, voici enfin le premier album solo de Burgalat.
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The SSSound of mmmusic est tout sauf un disque de faiseur à la Mike Flowers Pop, mais au contraire un précipité de ce que Burgalat sait faire de mieux en matière de chansons à tiroirs et d’instrumentaux labyrinthes, d’effets de miroirs et d’architectures gigognes. Long chantier envisagé au milieu de la précédente décennie et démarré il y a plus de trois ans, le disque a connu plusieurs stades de composition et de décomposition, de mise en forme et de remise en question, agglutinant et déglutissant au fil du temps pas mal d’influences et d’idées sans se laisser dominer par elles, sans que le style ne prenne jamais le dessus mais laisse au contraire un maximum de place pour l’inachevé, la maladresse, l’émotion naturelle. « J’ai fait la plupart des prises de son alors que je n’y voyais plus rien (Burgalat était alors atteint d’une grave maladie des yeux). Je pourrais refaire l’album beaucoup mieux aujourd’hui en quinze jours, mais j’ai préféré conserver sa fraîcheur initiale. »
A la fois poème atmosphérique et fantaisie pop, juke-box langoureux et ovni planant, il constitue un idéal reflet moderne de ce que Michel Colombier ou Alain Goraguer initièrent il y a trente ans, à l’époque où les arrangeurs français dominaient l’Europe par leur inventivité et la richesse de leur éventail musical. De récente mémoire, seul Moon safari d’Air possédait à la fois ce charme analogique évanescent et cette force de séduction mélodique. « A l’origine, je ne pensais pas être capable de sortir un disque sous mon nom, j’étais incapable de me lancer. C’est tout d’abord Eric Morand, le patron de F. Com, qui m’a encouragé il y a de ça quatre ans. Par la suite, le label a pris le dessus et je me suis consacré aux projets des autres, puis les problèmes de santé sont arrivés, j’ai failli perdre complètement la vue, et le disque s’est retrouvé bloqué pendant plusieurs mois. J’ai beaucoup flippé quand la French touch est arrivée. J’avais le sentiment d’avoir effleuré des choses de façon maladroite et de ne plus pouvoir revenir dessus parce que d’autres les faisaient beaucoup mieux que moi. Quand je m’y suis remis, mon souci a d’abord été de gommer tout ce qui me paraissait trop simple. Il n’y a pas d’arrangements de cordes, par exemple, parce que n’importe qui peut en faire aujourd’hui. Mon souci, c’est de me trouver des contraintes. Quand je fais des disques pour les autres, ma contrainte c’est la volonté des autres. C’est assez pratique parce que ça permet de tout asservir aux désirs de celui avec qui on travaille. Quand je me retrouve seul, je n’ai pas cette contrainte, je n’ai même pas la contrainte du temps ni celle du fric parce que j’enregistre dans mon propre studio, avec l’argent de mon propre label. » Parmi les contraintes que Bertrand s’est imposées, il y a avant tout celle du chant. Au lieu de faire appel à des chanteurs éprouvés, il a préféré se lancer lui-même dans l’interprétation, en pleine connaissance de ses limites mais en se jouant assez subtilement d’elles. A l’image de tous les grands tailleurs d’arrangements et songwriters haute couture (les Brian Wilson, Jobim, Jimmy Webb ou Bacharach), Burgalat est un chanteur approximatif. Pourtant, il parvient sur l’album à transformer ce maillon faible en véritable atout, une chanson comme Ma rencontre étant ce qu’on a entendu de plus émouvant et de fragile cette saison.
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