Entre pop sixties et rage à la riot grrrls, son deuxième album fait des bulles et se fait de la bile. Beau retour gagnant de la jeune Anglaise Kate Nash.
Il y a trois ans, on découvrait Made of Bricks, le premier album futé de Kate Nash : rouquine, boulotte, la langue loin de sa poche et les robes à pois, la jeune fille, élevée en grande banlieue de Londres, affichait le profil idéal pour détrôner la brunette Lily Allen du sommet pop du Royaume. Si le succès est resté plus modéré pour Kate Nash, elle a très vite conquis le coeur des fidèles de Regina Spektor : c’est cette même façon de composer des popsongs à fort pouvoir euphorisant, tout en racontant le quotidien dans sa plus grande banalité, que l’Anglaise déballe à chaque refrain.
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Ça parle de tartines de pain de mie, de regarder le coucher de soleil toute seule, de lire des livres, de pleurer pour des garçons, et c’est quand même toujours la classe. Une maturité d’autant plus étonnante que Kate Nash est née hier, en 1987. “J’ai toujours pensé que chanter serait mon travail, une vraie profession. J’étais jeune quand mon premier album est sorti, mais prête. Il faut prendre tout ça très au sérieux si on veut avoir une chance que les choses se produisent. Après le succès du disque, j’ai fini par me lasser de tout alors j’ai tenu à m’arrêter. Pour que l’envie revienne, que les choses ne sombrent pas dans la routine. J’ai emménagé avec mon petit ami (Ryan Jarman des Cribs – ndlr) dans le quartier de Bethnal Green, décoré mon appartement, fait de la cuisine, lu des livres. Je me suis toujours évadée dans les bouquins. J’adore les livres d’épouvante.”
Kate Nash en a aussi profité pour multiplier les actes citoyens : avec Billy Bragg et Dave Rowntree de Blur, elle a participé à la création de la Featured Artists Coalition pour défendre les droits des musiciens, a monté un fanzine et s’est engagée dans la lutte contre les violences sexuelles au sein de l’association V-Day. “Ma mère est infirmière. Elle est très impliquée dans la politique, elle est féministe, militante. On m’a toujours enseigné la rébellion. Je n’ai jamais eu à m’opposer à mes parents, mais j’ai toujours considéré que la musique devait émaner d’une certaine révolte.”
Conséquence de ces soulèvements, My Best Friend Is You dévoile une facette plus colérique et nerveuse de l’Anglaise, et fait le pont entre pop sixties sous influence Motown (Kiss That Girl) et chansons rageuses héritées d’un nouvel amour pour les groupes riot grrrl (I Just Love You More). Prolongement logique de ce nouveau béguin, Kate Nash sévit aujourd’hui aussi dans un groupe punk, The Receeders. “Je suis très curieuse en musique. Ces derniers temps, j’ai écouté beaucoup de groupes Motown, des girls bands des sixties, The Supremes, The Shirelles, The Ronettes. J’adore les mélodies qu’on peut trouver dans ces chansons, et surtout la façon dont la musique est toujours joyeuse et les paroles toujours mélancoliques.”
C’est à l’ancien guitariste de Suede, Bernard Butler, que l’on doit l’emballage rétro et rose bonbon de My Best Friend Is You : outre les très réussis Oh Jay et Don’t You Wanna Share the Guilt, on lui dit chapeau pour Do-Wah- Doo, dont le refrain, romantique et fougueux, pourrait bien rester scotché dans notre ciboulot jusqu’à la prochaine éruption d’Eyjafjallajökull.
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