30 photos de 30 joueurs de foot, légendées par 30 écrivains. A la veille de l’Euro 2016 en France, la revue Desport nous livre une sélection de choix dans un hors-série haut en couleurs et en talents.
Avant d’être un business souvent indécent, incessamment décrypté et de plus en plus dénoncé, le football est une mythologie – ce n’est pas Roland Barthes qui nous contredira. Et une mythologie avant tout européenne. C’est pourquoi, avant d’entamer une nouvelle page de cette histoire en France avec l’Euro 2016, Desports, « le premier magazine de sport à lire avec un marque-page », a invité trente écrivains férus de ballon rond à tirer le portrait de quelques uns de ces demi-dieux en short dans son hors-série de mai.
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« Au fil du temps et des légendes qui s’accumulaient sur mon bureau, je vivais l’inventaire d’une beauté partagée. Les trente écrivains européens ne se contentaient pas de dégainer la plume : ils nous offraient un chant qui disait combien le football est capable de nous rendre heureux, dans un monde qui se l’interdit. » C’est avec un tel lyrisme que Pierre-Louis Basse, journaliste, écrivain, conseiller de François Hollande mais aussi grand manitou de la revue, introduit cet album dans lequel les plus grandes légendes du football sont immortalisées par l’image et la littérature. De Kopa à Cristiano Ronaldo, en passant par Beckenbauer, Cruyff, Cantona ou encore Xavi, les bûcheurs côtoient les têtes brûlées. Tous ont écrit la légende, on en a retenu cinq.
Michel Platini par Bernard Pivot
Dans un texte aussi court qu’apologétique, le célèbre amoureux des mots n’hésite pas à comparer le légendaire numéro 10 français à un romancier qui « traçait sur les pelouses des stades des phrases élégantes ou rageuses, ponctuées souvent par un but, aussitôt qualifié d’anthologique ».
« Michel Platini donnait la fallacieuse impression que la pratique du football est chose facile. Fastoche rime avec son surnom, Platoche. »
Roberto Baggio par Roberto Saviano
Avant d’être écrivain, Saviano est un témoin – d’une époque, d’une culture, d’une génération. Il observe, restitue, analyse. A 15 ans, devant le match Italie-Nigéria pendant le Mondial 1994, il est impressionné par l’abnégation de ce joueur italien qui fait alors les beaux jours de la Juventus de Turin, Roberto Baggio. Depuis ce jour-là, l’écrivain a appris « à apprécier l’importance du talent ».
« C’est cet incroyable talent, qui, à quarante-trois secondes de la fin de la seconde mi-temps, a permis à l’Italie d’arracher les prolongations. »
Zinédine Zidane par Jean-Philippe Toussaint
« J’ai déjà dit l’ombre, je veux dire la lumière », commence l’écrivain belge. L’ombre, c’est bien sûr 2006, la finale perdu contre l’Italie et le coup de tête à Materazzi. Mais Jean-Philippe Toussaint veut cette fois se rappeler 1998, « le couronnement de Zidane à Saint-Denis ! ». « On n’a pas connu un tel enthousiasme depuis Voltaire », ose-t-il même avant de restituer les vers du triomphe adressés à Voltaire à la Comédie-Française en 1778, en changeant le nom du philosophe des Lumières par celui du meneur de jeu de la France championne du monde.
Bobby Charlton par David Peace
« Il est ici, là, partout à la fois. Un tir, un but. Pas de chichis, pas de bla-bla. » Le texte est écrit à un rythme footballistique, pas le temps pour les verbes et les phrases complexes. David Peace la joue simple et rapide, comme son idole, le mancunien Bobby Charlton, vainqueur de la Coupe du monde 1966.
« Bobby Charlton a gagné pour les morts, oui, pour les morts. Bobby est en larmes, et entre ses larmes, il demande : ‘Que reste-t-il à gagner maintenant ?’«
Zlatan Ibrahimovic par Enki Bilal
« Je suis venu comme un roi, je suis venu comme une légende », assénait Zlatan devant les caméras pour annoncer son départ du PSG le 14 mai dernier. En tout cas, pour Enki Bilal, Ibra mérite certainement le titre de prince. Mais, sur le terrain, c’est dans la métaphore animalière que le dessinateur français va chercher l’inspiration pour décrire le Suédois.
« Cet homme, grand comme un minaret pourtant, saura aussi, une fois au sol, contrairement à l’albatros, déployer ses longs abattis pour produire une gestuelle d’orfèvre en un espace des plus réduits. »
« Football de légendes, Une histoire européenne », Desports, hors-série, 18€
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