(Billet dur) En reléguant le harcèlement sexuel au rang d‘“histoires de bonnes femmes”, le député Les Républicains monte sur le podium des gros lourds.
Dans la fort pimentée affaire Denis Baupin, un chaud lapin qui a visiblement confondu développement durable et mes grosses paluches sur tes hanches, tu t’es bruyamment exclu de la meute des chasseurs.
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A l’instar du jamais décevant Christian Jacob, qui prétendait à chaud que ce genre d’histoire de harcèlement ne concernait que les Verts – oubliant Tron, Raoult ou Balkany, soupçonnés tous les trois d’avoir usé de leur sex-appeal reconnu de toutes pour abuser des rares résistantes –, tu as voulu marquer la différence entre un homme, un vrai, et l’ordinaire des pleureuses médiatiques.
Comédies romantiques
C’était donc ce lundi où l’on ne parlait que de ça. Un journaliste jugea alors opportun de te tendre un micro dans les couloirs de l’Assemblée nationale afin de recueillir ta réaction d’élu, et peut-être aussi ta réaction en tant qu’homme politique travaillant au contact d’individus de sexe faible, irascibles une fois par mois, amatrices de quiz psycho, de comédies romantiques et néanmoins respectables – en résumé : des femmes.
Ta réponse fut furtive et sans appel : “Je commente l’international, les choses sérieuses, pas les histoires de bonnes femmes.” Des histoires de bonnes femmes ! Forcément pas sérieuses, à t’entendre, et si banalement nationales que cela ne valait même pas la peine que tu marques un arrêt pour y réfléchir deux secondes.
Claquage d’élastique
Aux mains lestes des uns répondait ainsi à travers toi le revers de main des autres. Ceux, sans doute majoritaires dans ton parti comme dans celui d’en face, qui pensent qu’on en fait trop lorsqu’il s’agit de dénoncer le sexisme, alors qu’une petite tape sur le cul, un claquage d’élastique de culotte, un compliment grivois insistant ou un SMS un peu cochonou avec des émojis d’aubergine, ça n’a jamais tué personne. “Il n’y a pas mort d’homme”, comme disait Jack Lang au lendemain de l’affaire DSK.
“Pas mort d’homme”, mais une grosse blessure mal refermée chez pas mal de femmes, lesquelles n’ont droit en retour qu’à ton mépris de mâle dominant et au ricanement de tes collègues de buvette.
Lamentable
En prenant un peu de recul, on trouvera toujours fascinant qu’en pareilles circonstances, lorsqu’est mis au jour un vrai problème d’abus de pouvoir, des voix grasses finissent toujours par couvrir celles qui souffrent.
Pierrot, ta sortie était lamentable, moche, indigne d’un type auquel des “bonnes femmes” ont confié leur vote pour les représenter.
Partouzes dans le compost
Dans le concert des machos, seul l’ineffable Jacques Séguéla, la noix de cajou sénile de tous les râteliers audiovisuels, est parvenu à te surpasser en mettant les écarts répréhensibles de Baupin sur le fait que “les Verts sont nés de l’amour libre” et que“pour eux, les discours et les rapports ne sont pas les mêmes”, ajoutant pour finir de se ridiculiser : “Il y a un côté un peu hippie écervelé qui a prêté à ça.”
Si Jacquot omit de préciser si les écolos de plus de 50 ans portaient une Rolex autour de la bite quand ils se livraient à des partouzes dans le compost, on devinait que pour lui aussi, tout ça n’était pas très grave, que ce n’était bien que des “histoires de bonnes femmes”. S’il n’y a pas mort d’homme, personne ne le conteste, ces affaires peu glorieuses donnent toutefois lieu à de beaux suicides médiatiques.
Je t’embrasse pas, on n’est pas des gonzesses.
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