Etrangement hué à sa première projection cannoise, « Personnal Shopper » offre un bel écrin à sa magnétique interprète principale, Kristen Stewart.
« Le cinéma, c’est faire faire de jolies choses à de jolies femmes » disait en substance Truffaut. Cette formule est à peu près le cœur et le sujet de ce nouveau film d’Olivier Assayas.
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Fétichiser Kristen Stewart
Manifestement enchanté de leur première collaboration sur Sils Maria, le cinéaste a eu envie de la refilmer de suite et ce désir (mutuel, filmer, être filmée) transpire de presque tous les plans de Personal Shopper. Ce qui est suffisant pour créer du cinéma à défaut d’un film totalement satisfaisant. Assayas aurait pu choisir de faire juste un documentaire d’observation de son actrice, la filmant sous toutes les coutures, à poil ou vêtue, en jeans-baskets ou en robe de grand couturier, marchant dans les rues de Paris ou les ryads d’Oman, endormie ou dans son bain…
Il a opté pour la fiction, posant sa fascination pour Stewart sur un lit de genre mixant thriller et film de fantôme, réitérant le geste qui l’avait vu installer Maggie Cheung dans une relecture des Fantômas (Irma Vep). C’est de ce côté de la fiction que le bât blesse : malgré quelques belles scènes de terreur, Assayas a du mal à nous passionner pour son thriller réduit à de longs et mécaniques échanges de sms ou à nous faire croire à ses revenants sans doute parce qu’il y croit peu lui-même.
Mais Personal Shopper vibre quand il est vraiment dans son sujet, à savoir fétichiser Kristen dans toutes ses déclinaisons et transformations possibles (avec comme point culminant la séquence où l’actrice essaye harnais et robes de luxe sous le son d’une chanson à la Dietrich), là où apparaissent en filigranes quelques fantômes du cinéma qui s’appellent Vertigo, Eve, La Maison du diable, L’Impératrice rouge ou Rebecca.
Personal Shopper est donc à demi raté ou réussi, mais ne méritait pas les huées qui ont ponctué la projo de presse réservant à ce film le pire accueil depuis le début du festival. Il semblerait que la majorité des critiques veulent des grands sujets, des histoires parfaitement bouclées, ou des chefs-d’œuvre parfaits (mais c’est quoi exactement, la pré-définition d’un chef-d’oeuvre ?) et n’acceptent plus de films fondés uniquement sur des fantasmes, de la projection et du fétichisme, qui sont pourtant l’essence du cinéma.
Et on allait oublier de le dire : Kristen Stewart est éblouissante dans ce beau film malade.
https://www.youtube.com/watch?v=dCW6Y9Sx_A0
Personal Shopper d’Olivier Assayas (France). Avec Kristen Stewart, Lars Eidinger…Sélection officielle: en compétition.
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