Espagnols, Brésiliens, Belges, Anglais et Français de tout le territoire ont affirmé dimanche leur volonté d’occuper les places publiques pour porter de nouvelles revendications sans oublier les précédentes. Une « Nuit debout internationale » dans une ambiance festive.
Moins de deux mois après son lancement, Nuit debout rêve déjà de conquérir le monde. Si l’hostilité à l’égard de la loi Travail n’a pas faibli, le mouvement s’impose désormais de nouveaux objectifs. A l’heure où des places publiques sont ré-investies par-delà le continent, la « convergence des luttes” se veut désormais internationale. Pour unir les quelque « 300 places dans plus de 30 pays différents », une « Global Nuit debout » a été lancée dimanche. Les militants parisiens ont ainsi pu échanger avec leurs semblables aux quatre coins du monde. Comme à son habitude, l’ambiance se veut festive avec la participation de l’Orchestre debout ainsi que du groupe reggae Danakil.
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une foule de ouf alors que le concert n’a toujours pas commencé à Republique #Nuitdebout#LoiTravailNonMercihttps://t.co/mJHtDwUIrD
— Cyril Castell (@13kapsy) 15 mai 2016
« La lutte sera festive ! » Sur la place de la République, le slogan répété chaque week-end est appliqué à la lettre. Après le concert de Nekfeu en marge de la manifestation du 1er mai, c’est au tour du groupe de reggae Danakil de faire rimer musique et militantisme « ça fait beaucoup de sens pour de jouer ici aujourd’hui » confie Balik, le chanteur du groupe. Entre deux titres, l’artiste invite son public à participer aux débats de la soirée.
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La scène n’est pas encore démontée que les militants s’activent pour la suite des opérations. La journée a beau être particulière, les activités quotidiennes de Nuit debout n’en sont pas perturbées. À la bibliothèque, on s’échange des livres sans considération financière. Curieux et militants sont aussi conviés à écrire un mot de témoignage sur une large banderole en hommage aux victimes du terrorisme. Alors que l’assemblée générale débute, on continue encore les discussions à la commission France/Afrique. Débat du jour : l’autonomie et la souffrance des peuples africains.
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Face à un millier d’individus, la commission internationale contextualise la mobilisation du jour : « La semaine dernière, des militants turcs, espagnols, brésiliens, allemands et anglais sont venus voir ce qui se passe pour organiser une Global Nuit debout » décrit un Nuitdeboutiste. Qu’elles se revendiquent ou pas du mouvement « Nuit debout » plusieurs places ont été investies ces derniers mois par delà l’Hexagone. Si les sensibilités divergent, l’austérité, le chômage, l’écologie, et le désir de démocratie permettent aux militants de faire front commun.
Création d’une « No List »
Pour réunir les luttes, une femme de la commission internationale explique le projet de Global Nuit debout. “Nous allons créer une No list. Celle-ci permettra d’identifier les pires entreprises sur le plan social ou écologique.” Chaque semaine, les internautes sont appelés à voter pour établir un classement, tout en proposant des solutions parallèles. « A chaque problème son alternative » martèle une militante. À l’initiative des Espagnols, Coca-Cola devrait inauguré la première position de cette « No list » pour le traitement de ses salariés.
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L’objectif dévoilé, les organisateurs laissent la parole aux militants internationaux. Contactés par téléphone, les activistes délivrent leur message à la place de la République. « Paris, vous êtes une inspiration pour le reste du monde. Continuez ! », scande Norma, en direct de la Puerta del Sol à Madrid où la foule célèbre les cinq ans de la naissance des indignés. « Il faut préparer les gens. Vous nous apportez beaucoup de choses. » remercient également des militants italiens. Les Nuitdeboutistes belges sont aussi contactés alors que le pays manifeste contre la loi Peeters surnommée « Loi des 45h ». Du Brésil à Bordeaux en passant par l’Amazonie, les messages de soutien affluent pour le grand plaisirs de l’assemblée.
« C’est le Tinder de nuit debout? »
THANK U WORLD! #GlobalDebout is just the beginning!!#WorldDebout#NuitDeboutpic.twitter.com/tdolfGjB4c
— Global NuitDebout (@GlobalDebout) 16 mai 2016
Entre deux interventions, la commission internationale invite la foule à se faire photographier pour soutenir « des ouvrières géorgiennes en lutte ». Le cliché pris, chacun est invité à s’exprimer sur la mobilisation. « Tournez-vous vers votre voisin et demandez-lui son avis sur Global Nuit debout », recommandent les organisateurs.
« C’est le Tinder de Nuit debout ou quoi ? » ironise-t-on dans la foule. Julie, une étudiante en anthropologie de la santé en profite pour s’exprimer : « Je découvre le mouvement. Il y a une émulation intellectuelle vraiment intéressante. Ça donne espoir de venir ici. » Un espoir qui se partagera désormais par delà les langues et les frontières.
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