Chris Kelly, moitié du duo Kris Kross, vient de mourir à 34 ans. En février dernier, nous nous demandions ce qu’étaient devenus les deux auteurs du méga tube « Jump » qui a accompagné toute une génération d’ados hystériques.
À l’origine, un concept marketing bancal mais qui s’avère payant
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Kris Kross c’est un peu le conte de fée à l’américaine comme on les aime. Chris « Mac Daddy » Kelly et Chris « Daddy Mac » Smith, ont en effet été découverts dans un centre commercial d’Atlanta en 1990 alors qu’ils n’étaient que des petits garçons, affichant respectivement 11 et 12 ans au compteur. Celui qui a mis la main dessus ne vient pas de Belgique mais n’est pas non plus un inconnu puisqu’il répond au nom de…Jermaine Dupri! Avant de se faire connaître en tant que producteur à succès pour les Destiny’s Child, Monica, Usher ou encore Da Brat mais aussi en tant que petit ami de Janet Jackson, il est avant tout le fils de Michael Mauldin, ancien président de Columbia Records.
Sans doute pressé de faire ses preuves face à son imposant paternel, une figure mythique de la musique outre-Atlantique, Jermaine Dupri a eu une idée d’une géniale simplicité en créant Kris Kross de toutes pièces. Il a en effet choisi deux pré-ados plutôt « mignons » et sachant vaguement pousser la chansonnette, les a affublés d’un look de l’au-delà (comprendre une capillarité plutôt alternative et le port de vêtements à l’envers) et leur a fait signer un contrat. Grand bien lui en a pris, le duo a cartonné au début des années 90.
En 1992 Kriss Kross a été numéro un des charts billboard pendant pas moins de huit semaines grâce à la chanson Jump, et l’album dont ce single est extrait, Totally Krossed out, s’est vendu à quatre millions d’exemplaires.
Les deux Chris étaient omniprésents dans tous les foyers américains, sur tous les murs des ados et en rotation lourde sur MTV. Signe ultime de leur succès fracassant : ils furent invités à zoner en toute détente dans le clip de Jam de Michael Jackson, aux côtés notamment de Michael Jordan, qui était à l’époque considéré comme l’équivalent d’un dieu vivant. Autant dire que les invités du clip étaient plutôt triés sur le volet et qu’il fallait montrer patte blanche pour y figurer…
Le roi de la pop, manifestement conquis par leurs multiples talents (et peut-être d’autres choses ?), leur confie même la lourde tâche d’effectuer la première partie sur sa tournée européenne du Dangerous World Tour.
Les deux autres albums, Da Bomb et Young, Rich & Dangerous sortis en 1993 et 1996 ne seront pas d’aussi grands succès que leur premier opus mais feront tout de même accéder Kris Kross en pôle position des charts et leur permettront par conséquent de s’acheter des caisses et des caisses de salopettes pour mieux impressionner les filles en les arborant à l’envers.
Des précurseurs sans le savoir
Plus qu’un simple phénomène de mode destiné aux ados boutonneuses et hystériques, Kris Kross aura lancé plusieurs tendances qui se sont inscrites dans le temps, contrairement à leur carrière.
http://www.youtube.com/watch?v=Xu2fHRCTetw
En effet, d’aussi loin qu’on s’en souvienne Kris Kross incarne la première formation d’enfants rappeurs qui donna par la suite lieu à une flopée de petits MC, pour le meilleur et pour le pire, tels que Lil’ Bow Wow, Hot Boys qui comptait parmi ses membres le tout jeune Lil Wayne, quinze ans à peine, ou encore Jordy qui avait tout de même un flow à faire pâlir d’envie bon nombre de lascars. Notons que Kris Kross a sans doute dû inspirer d’une manière ou d’une autre Benny B au niveau vestimentaire.
Le duo a également mis sur le devant de la scène le sud des Etats-Unis (Atlanta) avant qu’il ne devienne le dirty south connu et reconnu d’aujourd’hui grâce à Outkast, Lil Jon ou encore Ludacris. Sans être crunk ni ghetto, Kris Kross a au moins eu le mérite de trouver une alternative à la vieille guéguerre West coast VS East coast.
Après le succès, le creux de la vague (mais en toute sérénité)
Passage inéluctable à la vie de tout homme, la puberté peut s’avérer plus ou moins désastreuse selon les individus. Cette délicate métamorphose s’est accompagnée pour Kris Kross de plusieurs facteurs assez gênants pour mener de front une carrière fructueuse : la mue de la voix, l’apparition d’un léger duvet sur le dessus de la lèvre supérieure et la rébellion. Les deux garçons n’étaient en effet plus vraiment d’accord avec la « direction artistique » imposée par Jermaine Dupri et par le rythme infernal des tournées et autres prestations scéniques dans tous les malls de prestige que compte l’Amérique du Nord.
Une fois n’est pas coutume, les deux garçons sont revenus sans aucune perte ni fracas à des vies d’anonyme, se consacrant par la suite à leurs études. Aucun journal à scandales n’a eu d’histoires glauques à base de drogues, de sexe ou d’argent à raconter sur ces anciennes gloires des années 90. La seule anecdote « controversée » se résume au mystère entourant la calvitie précoce de Chris « Mac Daddy » Kelly.
Reformation fantasmée et mort de Chris Kelly
Bien qu’ils ne soient plus sous les feux des projecteurs depuis plus d’une quinzaine d’années, les deux membres de Kris Kross n’ont cependant jamais dit au revoir à la musique. Chris Kelly a fondé son propre label underground de hip-hop C. Co Records basé à Altanta et Chris Smith a lui sorti un album solo autoproduit nommé Urbane Expressions.
Depuis 2007 des rumeurs persistantes sur une possible reformation faisaient régulièrement surface. Récemment, il avait même été officiellement annoncé que Kris Kross jouerait lors d’une grande fête, le So So Def All-stars, organisée à Altanta pour célébrer les 20 ans du label So So Def, notamment aux côtés de Da Brat et Jagged Edge. Mais cette reformation restera du domaine du rêve : le 1er mai 2013, Chris Kelly s’est éteint dans un hôpital d’Atlanta après avoir été retrouvé inanimé chez lui. Les raisons de sa mort ne sont pas encore connues.
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