Le parcours sinueux d’un guérillero devenu figure de l’intelligentsia.
“Itinéraire d’un candide”, dit le titre. Peut-être pour excuser la certaine inconstance de Régis Debray – son destin et son parcours sinueux le menant de Janson-de-Sailly au maquis de Bolivie – aux côtés du Che –, puis à l’Elysée comme conseiller de Mitterrand et à l’académie Goncourt.
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Ce documentaire autobiographique comporte deux parties éloquentes : “Révolution” et “République”. La plus exaltante et mystérieuse est évidemment la première ; la seconde, tissée de fonctions officielles et de navigation dans les allées du pouvoir, est plus banale, voire contradictoire.
L’histoire de l’extrême gauche des années 1960-70 se dessine en filigrane
Les années folles de Debray ressemblent à un roman d’aventures réunissant les génies de Conrad et Le Carré. Foncièrement tiers-mondiste, le normalien vire sa cuti vers l’âge de 21 ans, se convertissant au communisme pour devenir un séide du régime castriste, puis pour accompagner Che Guevara dans sa déroute bolivienne.
L’histoire de l’extrême gauche des années 1960-70 se dessine en filigrane de l’évocation de cette période marquée par des passionarias tragiques comme Monika Ertl (fille du caméraman nazi de Leni Riefenstahl). Aujourd’hui, Debray se dit gaulliste de gauche et plaide pour un retour à des valeurs qu’il pourfendait dans les années 1960.
Le tiers-mondiste, ponte de la médiasphère qu’il décrie, reste certes un de nos penseurs alertes et détachés, mais apporte en même temps de l’eau au moulin des nostalgiques de la vieille France dont il reste encore le plus fréquentable.
Régis Debray – Itinéraire d’un candide documentaire de Yannick Kergoat. Mercredi 18, 23 h, Arte
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