En 1965, Coltrane était en pleine recherche de renouveau quand il décida d’intégrer de jeunes trublions issus du free-jazz à Ascension, l’un de ses opus les plus révolutionnaires. Dans aucun de ses albums le saxophoniste n’était alors allé aussi loin, et quiconque l’avait bien écouté croyait cette œuvre intouchable. Trente ans après, on se rendit […]
En 1965, Coltrane était en pleine recherche de renouveau quand il décida d’intégrer de jeunes trublions issus du free-jazz à Ascension, l’un de ses opus les plus révolutionnaires. Dans aucun de ses albums le saxophoniste n’était alors allé aussi loin, et quiconque l’avait bien écouté croyait cette œuvre intouchable. Trente ans après, on se rendit compte qu’il n’en était rien : en effet, ce morceau culte, malgré sa structure lâche construite à partir de nappes sonores dévastatrices improvisées, fut une première fois reprise, avec succès, par un quatuor de saxophones versé dans l’expérimentation : le Rova. A peine dix ans après, en compagnie de sympathisants, cette même formation ? pourtant habituée à un répertoire plus charpenté ? s’était à nouveau livrée à sa relecture, ce que l’on découvre ici grâce à un live époustouflant.
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Aussi surprenant que cela paraisse, le traitement de la matière sonore s’y avère encore plus sauvage que chez Trane. On est même en droit de penser que, s’il était encore de ce monde, c’est probablement ainsi qu’il jouerait ce morceau, c’est-à-dire en tenant compte des révolutions technologiques. Car si Ascension était quasiment acoustique, cette version actualisée convoque électricité (Nels Cline à la guitare, Fred Frith à la basse) et électronique (Otomo Yoshihide, Ikue Mori, Chris Brown), et avec quelle pertinence ! Mais connaissant la maîtrise des ordonnancements polyphoniques dont le Rova est coutumier, on est moins surpris l’émergence d’une composition forte de ce qui fut surtout, à l’origine, un tourbillon fiévreux hyper free.
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