« Moi Daniel Blake » est le dernier film de Ken Loach: un tract sentimentaliste et manichéen, imprégné d’un pathos mélenchonien.
Citoyen aux opinions politiques respectables mais médiocre cinéaste, Ken Loach ne se refait pas. Moi Daniel Blake n’y changera rien et déroule l’usuel pathos mélenchonien du vieil anglais révolté.
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La Loi du Marché, version manichéenne
Ici, un sexagénaire en arrêt maladie pour problèmes cardiaques se retrouve à affronter le Pôle Emploi britannique et ses méthodes ultra-libérales, visant à fliquer les chômeurs et à les dégoûter de vouloir retrouver un job. Dans son parcours sisyphien, Daniel Blake se lie et s’allie à une jeune voisine chômeuse, élevant seule ses deux enfants.
Le sujet nous renvoie à La Loi du marché mais la façon ultra manichéenne et tire-larmes dont Loach le traite rappelle à quel point Stéphane Brizé était plus subtil, plus puissant…et plus cinéaste. Chez Loach, tout est simple. Les chômeurs sont sympas, marrants, généreux, solidaires, fraternisant entre eux et avec les voisins noirs (le vote populiste d’une bonne partie de la classe ouvrière, on a du le rêver), des gens biens sous tous rapports et quasiment sans défauts. Des victimes admirables. Et leurs gosses sont tellement mignons, à fendre le cœur. En revanche, les fonctionnaires des administrations, aux ordres de l’état tory et de David Cameron, sont odieux, froids (à une exception près, reconnaissons-le). Appliquant sans états d’âme leur mission d’humiliation des sans emplois…
L’anti-Dardenne
Idéologue plutôt que cinéaste, Loach ne fait rien pour nuancer ce tableau opposant les bons et les méchants. Rien pour mettre un peu de jeu et de contradiction dans les rouages de sa démonstration, pour y injecter un peu de complexité humaine, comme chez nos amis les frères Dardenne. Non: il y a les oppresseurs et les opprimés. Point barre. Et le réalisateur met le paquet pour bien charger négativement les uns et positivement les autres.
Pour le reste ? Circulez, rien à voir. C’est pauvre, simpliste, démagogique, mais redoutablement efficace : tonnerre d’applaudissements et promesse de grand succès public. Si l’on rejoint Loach dans son dégoût des méthodes ultra-libérales, la façon dont il manie ses grosses ficelles pour les besoins de la cause n’est juste pas possible.
En somme, Moi Daniel Blake relève plutôt du tract sentimentaliste et du chantage à l’émotion que du cinéma.
Daniel Blake de Ken Loach (Royaume-Uni). Avec Dave Johns, Hayley Squires, Mick Laffey. Sélection Officielle: en compétition.
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