La 14ème édition de Nuits Sonores a eu lieu du 4 au 8 mai. D’un programme riche et éclectique, à dominante électronique, on retient notamment la belle présence africaine, le concert fracassant du duo furieux Niños du Brasil et le DJ-set renversant du pionnier house Lil’ Louis.
Faut-il encore présenter Nuits sonores ? Créé en 2003, le festival lyonnais s’est rapidement imposé comme l’un des plus ambitieux et stimulants d’Europe. Le secret de son succès ? Esprit festif (issu des raves des années 90), goût de la découverte, sens de l’occupation de l’espace urbain et recherche de renouvellement. De fait, le festival a beaucoup évolué depuis ses débuts, une programmation diurne s’ajoutant à la nocturne depuis 2011 – année qui a vu également le lancement de l’European Lab, un forum proposant ateliers, tables rondes et conférences sur des sujets variés en marge des réjouissances sonores.
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L’ensemble, déployé du mercredi au dimanche, constitue un authentique marathon. Si l’électronique en constitue toujours le socle (souvent tellurique), elle n’est pas, loin s’en faut, la seule musique représentée – le festival, qui proposait aussi du rock dès les premières éditions, témoigne depuis l’an dernier d’une volonté d’ouverture encore plus large.
Sous le soleil exactement
Organisée pour la troisième (et dernière) fois sur la zone de Confluence et placée tout du long sous le soleil exactement, cette édition 2016 a ainsi été marquée en particulier par une présence africaine assez impériale : se succédant sur la scène 3 (la plus petite et intimiste) dans la nuit du vendredi, Mbongwana Star et Konono n°1 ont enflammé le public avec leurs longs et ensorcelants morceaux, véritables appels à la transe, tandis que la veille, en fin d’après-midi, Tony Allen (batteur historique de Fela) et ses acolytes administraient une magistrale leçon de groove sur la scène du Sucre – le petit club avec imparable terrasse panoramique situé sur le toit de la Sucrière, tout au bord de la Saône.
On a pu y croquer deux autres concerts épatants : le magnétique live audiovisuel du duo Arnaud Rebotini/Christian Zanési, aux textures riches et mouvantes, et le live chic et funky de Polyrythmic, autre duo (formé par Kate Simko et Tevo Howard), qui a distillé une électro-house minimaliste superbement profilée. De manière générale, sur les plateaux diurnes, le Sucre aura constitué une parfaite alternative au pilonnage automatique (et monolithique) proposé trois jours durant à la Sucrière, dans une même veine house garage moite et percutante – les prestations les plus convaincantes ayant été celles de Motor City Drum Ensemble et The Black Madonna.
Des prestations mémorables
Côté nocturne, outre les concerts africains cités plus haut, on a pu vivre plusieurs expériences fortes – voire très fortes – dans des registres variés, du post-punk fringant des jeunots Anglais Shopping à l’électro sombre et sinueuse du vétéran lyonnais In Aeternam Vale (dont on recommande le remarquable album-compilation Pink Flamingos, à paraître début juin chez Dement3d) en passant par la (redoutable) techno organique du trio Elektro Guzzi et la new wave ténébreuse de Michel Amato/The Hacker.
Un cran au-dessus, et à nos yeux (et oreilles), les deux prestations les plus mémorables de ces Nuits Sonores 2016 : Niños du Brasil et Lil’ Louis. Après avoir déjà causé un choc sévère en 2015, les premiers – deux performeurs/batteurs italiens, rejoints ici sur certains morceaux par des membres du collectif tangerois Mémoires d’avenir – ont de nouveau frappé très fort, martelant comme des diables au long d’un concert semblable à un carnaval infernal avec lâcher de ballons et rubans multicolores. Quant à Lil’ Louis, auteur de l’immortel French Kiss, il a embras(s)é le public français avec une fougue dévastatrice, livrant un DJ-set d’une puissance sidérante : de la house music brute de décoffrage, qui claque, qui frappe et qui ravage tout sur son passage.
Une conclusion joliment décalée
Après cette grosse montée de fièvre du samedi soir, rien de tel, le dimanche, qu’un petit tour du côté du programme Extra ! (un ensemble de gâteries sonores, gratuites pour la plupart, disséminées dans la ville), en l’occurrence pour découvrir Weaver Raver, installation sonore conçue par le chorégraphe Alexandre Roccoli et présentée dans la Cour des Voraces, lieu emblématique de Lyon et de la Résistance.
Diffusés par des enceintes réparties dans divers coins de la cour, des sons de métiers à tisser mis en boucle font écho à des entretiens avec des femmes (soyeuses, musiciennes, sociologue…) évoquant leur parcours et leurs questionnements (identitaires ou autres) – le tout se répercutant sur les murs et les escaliers de cette cour chargée d’histoire. Une proposition atypique, presque sans musique, permettant de conclure de façon joliment décalée un parcours sonore échevelé.
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