Trente ans après Eno, nouvelle BO pour les aéroports : le 9/11 est passé par là.
En 1978, en plein vacarme punk (qu’il avait contribué à inventer puis à mettre en son), Brian Eno s’évadait en vol plané du plancher du rock pour oser Music for Airports : quatre pièces patientes qui inventaient l’ambient, une musique designée autant que composée.
Des milliers de musiciens jonglant avec l’espace et le silence continuent de s’en inspirer : chaque semaine, cet album est cité en référence comme un acte fondateur, de la pop de Sigur Rós à toute une electronica éthérée. Avec un cahier des charges très strict – par exemple : n’utiliser aucun rythme pour ne pas parasiter les messages d’annonce –, Brian Eno imaginait, après une attente scandée par une musique exaspérante dans un aéroport allemand, l’habillage sonore apaisant d’un endroit où tout n’est qu’urgence et anxiété.
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Une nouvelle muzak, à laquelle les Anglais The Black Dog tentent d’apporter une version 2.0 sur leur Music for Real Airports. Là où les aéroports étaient envisagés par Eno comme un espace futuriste, élitiste, zen, déshumanisé, strictement fonctionnel, ceux que visitent The Black Dog grouillent de vie, de stress, de paranoïa. Ce sont les aéroports low-cost post-Twin Towers.
Plutôt que de tenter vainement de l’évacuer, le dissoudre, l’ambient envisagée par The Black Dog se nourrit de ce chaos, mélangeant tous ces sentiments contradictoires exacerbés par l’anormalité de ces lieux : euphorie et panique, urgence et insouciance. Là où Eno offrait le bien-être et la paix des nerfs, The Black Dog rend l’expérience un peu plus traumatisante, angoissante, consciente : le mal de l’air commence dès ce disque.
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