Un vent de révolte souffle sur la 37e édition du printemps de Bourges : la sensation FAUVE est sacrée découverte des Inouïs pendant que les sauvageonnes Savages prennent le pouvoir.
Brûlant les étapes – demi-finale lilloise du concours de l’inRocKs lab oblige – nous arrivons seulement vendredi après-midi sur le site humide du Printemps de Bourges. Les découvertes des Inouïs – dont la programmation est digne d’une écurie de luxe qatarie- remballent déjà leurs bagages : on vient de louper nos poulains folk Wolves & Moons– présents sur la compile inrocks lab vol.1 et les Toulousains Sing Sing My Darling – en lice pour la région sud-ouest.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Résigné à noyer notre désespoir au comptoir de l’espace Pro, on tombe nez à nez avec les Palaisiens de Le Vasco – transe sonore et punk malgré elle – encore sous le choc de leur « premier Printemps ». Chanteuse portant la culotte, Louise nous confesse : « on a tout fait pour jouer comme à un concert normal, mais on était tellement stressé avec tous ces professionnels venus nous voir – tout juste 20 minutes avant de passer à la salle suivante ! ». Égarés et humides, les adolescents Future Dust – demi-finalistes inRocKs lab de la région nord-ouest – ont eux dû affronter les vents des scènes extérieures – boudées à cause de la météo – mais nous confient leur soulagement d’avoir réalisé ce premier « baptême de l’air ».
Au comptoir de l’espace Pro : un fourmillement d’artistes en développement virevolte un EP à la main, butinant le gratin des professionnels de la musique.
Pour l’heure, nous abandonnant nos enfants chéris pour nous diriger vers un Auditorium plein à craquer- où BABX et Camélia Jordana chantent à tue tête un vieil air de rupture, une annonce lâche et violente : « je ne t’ai jamais aimé, pas même une seconde ». Dandy parisien jusqu’au bout des ongles, Alex Beaupain – venu présenter son nouvel album Après moi le déluge – fait de l’esprit avec son public. « Ma maison de disque semble avoir investi énormément pour défendre mon nouveau disque » s’écrit-il, faisant référence à la pluie torrentielle qui inonde littéralement le festival pendant que nous infusons de mièvrerie pop sur des fauteuils moelleux. Nous menant par le bout du nez avec ses Chansons D’amour (BO du film de Christophe Honoré), il se révèle un vrai « petit salop » (sur Je n’aime que toi) à force de chahuter son public et ses musiciens.
Jouant pour la première fois en concert – depuis la sortie de son album Golden Age- Woodkid se rêve chef d’orchestre dans la salle du Palais D’Auron. Ce set grandiloquent, réunit une dizaine de musiciens : des cuivres grandioses, projections de mille feux et un public très enthousiaste.
Lassé par ce trop-plein d’amour égoïste et d’autosatisfaction, on s’égare sur les bords de la rivière Auron, enlaçant le site du festival. On tombe sur nos faux jumeaux préférés Noir Cœur – sélectionnés pour la région sud-ouest de l’inRocKs Lab et sur le point de sortir un premier EP prometteur. Un Banjo à la main, ils sont à la recherche d’un gît et d’un logis pour le soir : on les abrite sous notre parapluie puis on les (é)conduit à la salle du 22 pour une soirée new-wave.
La femme est l’avenir de l’homme. Savages et Lou Hayter (chanteuse de Tomorrow’s World) sont sur leur 31 pour jouer au 22.
Signe du destin, Tomorrow’s World ne jouera pas ce soir leur titre en français « Pleurer et Chanter » dont le refrain nous dit « c’est plus dur d’être un homme » : dans le monde de demain les femmes prendront le pouvoir ! La batteuse anglaise de Savages nous l’a bien fait comprendre avec ses mains de fer… sans pour autant en faire des caisses. Savages c’est le petit coup d’état de notre -bref- festival, d’une efficacité et d’une sensualité désarmante ! « Don’t let them bring you down » nous dit Lou Hayter. On en laissera pas tomber les hommes.. On en a trop besoin pour nous ramener à l’hôtel. Quoique si c’est elle qui conduit dans « Drive », c’est elle aussi qui dit « So long my love » : les garçons n’agissent plus, ne draguent plus, Hamlet est devenu une omelette. Mathieu Lescop se fait casser les œufs dans La forêt.
Sur la scène du W, Public Enemy ne fait plus peur – scène à moitié pleine – et Superpoze fait joujou avec sa console. Plus personne pour nous tenir le parapluie. On s’abrite au Magic Mirrors, petit temple de l’after des pros : DJ Prosper et sa chemise hawaïenne viennent nos réchauffer les mollets sur le dancefloor avec ses « move it move it » et des remix de Metronomy.
Fauve : sacré découverte de cette 37e édition du printemps de Bourges ; Archipel ex-æquo avec Némir en prix du Jury.
Même joueur, joue encore. Samedi nous revoilà à la salle 22 Est pour les Inouïs devant la folk qui swingue de Laura Cahen… Malheureusement son set est trop vite éclipsé par la pression qui monte dans la salle voisine : le 22 Ouest. FAUVE – ou la révolte des jeunes qui ont peur d’un avenir incertain – va rentrer sur scène. Quentin, le chanteur, sort ses gants de boxe imaginaires et donne des coups en l’air devant un public de pro difficile à bastonner ou à secouer. Il n’arrête plus de courir sur scène comme si il cherchait sa place. Les Nuits Fauves désenchante pendant qu’Hauts les cœurs nous rafistole. Ajoutons à ça les projections en mouvements : voilà un amour en fuite, un amour vache et violent. « Mais il faut pas que tu désespères / Perds pas espoir / Promis juré qu’on la vivra notre putain de belle histoire ». Rien n’à ajouter, en voilà quatre qui ont tout capté.
Une petite ballade en ville à la recherche d’un K-WAY et d’air frais, et on tombe sur cette ancienne boutique de disque en faillite : «La galerie du disque ». Les festivaliers passent sans un regard devant ce rideau fermé, nous qui fêtions encore dignement le Disquaire Day il y a une semaine. Feu !
Une amitié franco-québécoise sans faille
Pendant que les relations entre la France et l’Allemagne s’enlisent et font les gros titres de la presse, BRNS vocifère son fameux « Mexico » sur la scène Pression Live : un appel à l’expatriation ? Les hommes y seraient-ils plus doux ? Les impôts aussi ? On renonce pourtant à l’Amérique centrale pour célébrer l’amitié franco-québécoise avec trois femmes de fer à l’Auditorium. Les petites bottines rouges de Salomé Leclerc – précoce et solitaire – une guitare à l’épaule et une grosse caisse au bout du pied, posent la question qui fâche : Est-il cassé ? Le fil léger qui nous tenait serré. Marie-Pierre Arthur, bien entourée par ses musiciens de Karkwa, nous suggère plutôt de « Manipuler la réalité pour mieux continuer de rêver ». Quant à la poignante Ariane Moffatt –venue présenter un concentré de son 4e album, mélange de français et d’anglais – sa batterie électronique bat la chamade sur la reprise « Running up that hill » de Kate Bush.
La nuit venue,Orelsan préside sagement le jury sous le chapiteau du Magic Mirrors à l’occasion de la remise des prix de cette 37e édition du Printemps de Bourges. Sans grande surprise, c‘est la sensation FAUVE qui arrache le prix des Inouïs, pendant que le prix du jury sonne la cloche du projet bestial Archipel, ex-æquo avec la relève du hip-hop Némir. Préparez-vous au pire, une révolte se prépare avec ces jeunes là !
Augmentation de la fréquentation du festival et des battements du cœur, notamment grâce à la nouvelle scène du W (ex Phoenix).
Accélérations bruyantes entre le palais d’Auron et la grande salle du W : le rock crasseux et efficace des Vaccines, suivi des maniaques du piano Aufgang et des sauts de Marsupilami des infatigables !!! Il faudra attendre la sud-africaine Skip&Die pour lancer une émeute sociale, bondissant en tout sens sur scène avec son JUNGLE RIOT. Costume survitaminé et musiciens endiablés, ces jeunes là dansent sur les cendres de leurs ennemis ! La bouche géante et rouge de Breakbot vient calmer les esprits avec un son cheesy porté par la voix d’Irfane. Vitalic VTZLR, concentre quant à lui une nuée d’adolescents agglutinés devant des rayons lasers, des lumières épileptiques et des vrombissements qui dépassent notre entendement. On tire notre révérence.
{"type":"Banniere-Basse"}