Un Américain cabossé hante des chansons envoûtantes et sublimes.
L’album de Sean Rowe s’appelle Magic, et ce terme est à interpréter au sens le plus littéral. Sean Rowe ne peut être qu’un mage, sa voix ne peut lui avoir été accordée que par des créatures fantastiques, dans le but que celui-ci puisse converser paisiblement avec les esprits de la forêt. Cette voix, lui-même semble en redouter la puissance dévastatrice, si bien que, quand le ton monte (Jonathan), Sean préfère étrangler ses mots plutôt que de laisser libre cours à un torrent sonique qui serait, on n’en doute pas une seconde, de taille à défier les dieux.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le plus souvent, Sean privilégie les ambiances incantatoires à l’habillage musical minimaliste, qui évoquent parfois les orchestrations des premiers Cohen, de Townes Van Zandt : une guitare, de temps en temps appuyée par une touche de piano, un violon qui intervient par vagues plus que par phrases, et à l’occasion un rythme battu dans son plus strict appareil.
Autre de ses dons, Sean possède le pouvoir de s’échapper du temps. Quand cet album a-t-il été écrit ? Il a très bien pu l’être à la suite d’une nuit d’errance en compagnie de Robert Johnson. Dans quelles circonstances ? Peut-être pour redonner un peu de goût à la vie à Vic Chesnutt. On n’a sans doute jamais été aussi près de communier avec la beauté du monde.
{"type":"Banniere-Basse"}