Cette semaine, spécial Festival mode et photo de Hyères
Aalto serait-elle en passe de devenir la meilleure école de mode ? Dans les jardins de la villa Noailles, qui accueillait la trente-et-unième édition du festival, présidé cette année par Julien Dossena, le DA de chez Paco Rabanne (côté mode) et William Klein (côté photo), la rumeur battait son plein : trois des dix candidats mode étaient en effet issus de l’école d’Helsinki.
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Au vu de leurs travaux, on sait qu’elle forme des esprits libres, nourris par les subcultures du pays et en prise avec leur époque, à l’instar du duo Hanne Jurmu et Anton Vartiainen, nos chouchous. “Notre style vient de la façon dont on pense le monde qui nous entoure. Nos vêtements ne sont pas designés pour ressembler à quelque chose”, ont-ils expliqué.
Pour créer leur collection, ils ont récupéré, recyclé. “Faire venir des choses par avion, cela n’a pas de sens.” Leurs garçons aux cheveux longs portent des chemises brodées, des vestes composées à partir de fleurs séchées récupérées dans l’arrière-boutique d’un fleuriste local puis plongées dans la résine et incorporées dans le vêtement.
Ils marchent sur des derbies plates-formes dont la semelle est faite en rondins de bois. Leurs silhouettes traduisent quelques-unes des préoccupations de la jeunesse actuelle, son engouement pour l’écologie, sa quête de sens qui passe en partie par le fait de faire les choses soi-même. Ils repartent avec le prix Chloé et la mention spéciale du jury.
Le grand prix du festival, Wataru Tominaga (diplômé de la Central Saint Martins), s’intéresse quant à lui à des questions de genre et d’identité : comment habiller l’homme contemporain ? Sa mode, chamarrée, faite de superpositions, détourne les matériaux féminins classiques et propose un vestiaire déjà très abouti.
D’autres encore interrogent le rapport du corps à la technologie (la Française Clara Daguin imagine des circuits électroniques réagissant aux battements du cœur) ou s’embarquent dans une réflexion plus warholienne sur la célébrité. Le facétieux Japonais Yuhei Mukai incorpore ainsi des selfies de son visage brodés ou imprimés sur chacune de ses créations.
“Les jeunes filles d’aujourd’hui répandent leur image dans le monde entier avec leurs selfies. C’est ce que je fais avec mes vêtements”, s’amusait-il avant de présenter une galerie de schoolgirls déjantées. Avant-gardiste, ambitieuse, défricheuse, en prise avec son époque : la mode de demain se porte déjà bien.
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