L’expo d’art contemporain français, très vite rebaptisée « l’expo Villepin », vient d’ouvrir ses portes : échec ou prouesse ?
Au Grand Palais, sous la grande et belle verrière rénovée, l’expo d’art contemporain dédiée à la scène française conçue comme étant le futur rendez-vous triennal de la création en France et voulue par le Premier ministre lors de la dernière Fiac a ouvert ses portes. Surnommée « l’expo Villepin », cette manifestation montée en seulement quelques mois, qui a déjà fait beaucoup (trop) parler d’elle, aura en tout cas l’originalité de s’exposer telle une mise en abyme : quinze personnalités de l’art d’aujourd’hui (dont Eric de Chassey, Eric Troncy, Paul Ardenne ou Xavier Veihan) ont en effet été conviées pour faire leur choix esthétique et leur expo perso, soit 15 espaces sous forme de carte blanche. Cela donne une vision de l’art hexagonal éclatée, subjective (mais donc pas dictatoriale), parfois redondante (Bertrand Lavier, Alain Séchas, Gloira Friedmann très présents), au risque parfois aussi de mettre les curators en avant au détriment des artistes ou de se sentir comme étrangement trop à l’abri dans ces lofts ou stands démultipliés et cloisonnés par pléthore de propositions parfois sans surprise.
Mais au final, qui peut se plaindre de cette gigantesque vitrine joyeuse et prolixe enfin offerte aux artistes français : sans doute les (grands) oubliés… comme Sophie Calle ou Louise Bourgeois. En tout cas, rendez-vous dans trois ans pour une vision moins désordonnée et plus théorique, en tout cas plus synchronique, diachronique et vraiment transdisciplinaire (photographie, design, architecture) : trois ans, une période de réfexion suffisante pour parfaire ce premier jet dans lequel on a particulièrement aimé l’espace blanc Didier Marcel/Ugo Rondinone/Mark Handforth/Xavier Veilhan/Philippe Parreno chez Eric Troncy, le point de vue historico-esthétique sur la statuaire d’un efficace jaune fluo chez Xavier Weilhan, le bel ensemble propre et net d’Eric de Chassey, le rapprochement art/mode, forme/attitude, certes fouilli, d’Olivier Zahn, la confrontation chic et choc (Francesco Finizio/Bernard Bazile) chez Nathalie Ergino, l’enfilade de verre en silicone de Richard Fauguet, les images de Valérie Belin et la petite pièce consacrée à Philippe Ramette chez Dominique Marchès, les efficaces objets de grève de Jean-Luc Moulène chez Daniel Soutif et, non loin du Bibendum noir de Bruno Peinado dans l’espace de Bernard Marcadé situé en hauteur, la spectaculaire vue en plongée sur les mondes divers de Paul Ardenne.
Pour finir, quelques suggestions :
– Rappelez-vous qu’il y a bel et bien un « 16e espace » encore visible pour quelques jours à Paris, et qui donne lui aussi son propre panorama de la scène française émergente. Eh oui, « Notre histoire » au Palais de Tokyo, expo curatée par le tandem Nicolas Bourriaud/Jérôme Sans affiche déjà, et depuis janvier dernier, sa propre vision. Celle-ci est même encore visible jusqu’au 25 mai.
– Et puis encore pour cette « Force de l’art » : changer à tout prix le costume (informe gilet à bandes beige et rose, façon Daniel Buren) de la troupe du personnel d’accueil et de surveillance (ou alors le faire concevoir par l’artiste lui-même, conformément à ses bandes de 8,7 cm).
– Et puis aussi, et surtout, changer le nom (un brin réactionnaire) de l’expo. En effet, ce titre fait référence à l’ouvrage éponyme (paru en 1993) de Jean-Chalumeau, personnalité de l’art connue pour ses propos ringards sur l’art d’aujourd’hui.
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« La Force de l’art » en chiffres et noms : sur 7.000 m2, quelque 350 uvres (dont beaucoup d’inédites, en tout cas récentes) par quelque 200 artistes français ou travaillant en France, connus ou moins connus, de générations et de pratiques différentes. Donc, et dans le désordre, on pourra découvir ici et là des uvres de Pierre & Gilles, Bruno Serralongue, Philippe Parreno, Xavier Veilhan, Bernard Buffet, Gloria Friedmann, Pierre Huyghe, Bertrand Lavier, Yan Pei-Ming, Didier Marcel, M/M Paris, Orlan, Mark Handforth, Ugo Rondinone, Francesco Vezzoli, Silvia Bächli, Elisabeth Ballet, Cécile Bart, Yves Belorgey, Karina Bisch, Jean-Marc Bustamante, Stéphane Calais, Nicolas Chardon, Delphine Coindet, Christophe Cuzin, Daniel Dezeuze, Noël Dolla, Olivier, Dollinger, Sylvie Fajfrowska, Dominique Figarella, Bernard Frize, Jean-Louis Garnell, Philippe Gronon, Véronique, Joumard, Valérie Jouve, Mathieu Mercier, Guillaume Millet, Miquel Mont, Bernard Piffaretti, Pascal Pinaud, Jean-Pierre Pincemin, Eric Poitevin, Bruno Rousselot, Daniel Schlier, Anne-Marie Schneider, Peter Soriano, Pierre Soulages, Georges Tony Stoll, Veit Stratmann, Djamel Tatah, Emmanuel Van der Meulen, Emmanuelle Villard, Marthe Wéry, Remy Zaugg, Pierre Ardouvin, Christophe Berdaguer Marie Péjus, Julien Berthier, Pierre Bismuth, Michel Blazy, Hubert Duprat, Richard Fauguet, Loris Gréaud, Joël Hubaut, Bertrand Lavier,Olivier Leroi, Franck Scurti, etc.
Cliquez ici pour accéder au site officiel de « La Force de l’art ».
Sylvie Lambert
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