Alors qu’on l’attendait sur une adaptation de « Le Rouge et Le Noir » de Stendhal, Mathieu Amalric va mettre en scène un roman policier de Georges Simenon. Un film produit en urgence qu’il tournera en équipe réduite dans un esprit « anti-convention collective » explique son producteur, Paulo Branco.
Le 24 mai 2012, le magazine américain Variety révélait que Mathieu Amalric préparait un nouveau film en tant que réalisateur. Après le succès de son précédent opus, Tournée (récompensé d’un Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 2010), il devait se lancer dans son projet le plus ambitieux et coûteux : une adaptation du Rouge et le Noir de Stendhal. Un an plus tard, le film est encore en voie d’écriture et rien ne semble vraiment se préciser. « Mathieu travaille toujours sur le scénario, mais il est trop tôt pour en parler. C’est un budget important, un film lourd qui nécessitera donc beaucoup de préparations » indique-t-on du côté de la société productrice du projet, Les Films du Poisson, où l’on ne compte pas sur un déblocage de la situation avant 2014 voire peut-être 2015.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« Mathieu avait besoin de casser son rythme »
Mais entre-temps, l’acteur-réalisateur s’est lancé, à la hâte, dans une aventure parallèle aux côtés du producteur Paulo Branco (qui lui avait inspiré le personnage de Tournée, et avec qui il débuta comme assistant dans les années 80). « Mathieu avait besoin de casser son rythme, de se laisser du temps pour réfléchir à son adaptation de Stendhal ; il voulait s’investir dans un projet plus urgent », explique le producteur. Les deux hommes se sont donc retrouvés il y a quelques mois avec l’idée de monter un film « simple, rapide, dans l’esprit d’une vraie série B » : ce sera une adaptation d’un roman de Georges Simenon, La Chambre bleue, dont ils ont obtenu récemment les droits auprès des héritiers.
Ecrit en onze jours et publié en 1963, ce court texte policier fait le récit d’un amour adultérin entre un homme et une femme virant peu à peu au crime passionnel. « C’est du pur Simenon, précise Paulo Branco, un livre rythmé et haletant que l’on pourrait résumer par une seule question: jusqu’où peut nous mener le désir ? ». Mathieu Amalric devrait incarner lui-même le personnage principal (le reste du casting étant encore en négociation), dans ce qui sera sa troisième adaptation d’une œuvre littéraire, après Le Stade de Wimbledon (déjà produit par Paulo Branco), tiré du roman éponyme de l’italien Daniele Del Giudice, et son téléfilm L’Illusion comique, d’après la pièce de Pierre Corneille.
Et dans leur volonté d’urgence, le cinéaste et son producteur n’ont même pas attendu le feu vert des commissions de financement ni des télévisions pour boucler le projet, estimé à 2 millions d’euros.
« On a voulu faire un film qui va contre ce que le système est en train de devenir, sans attendre les agréments, les décisions des financiers, et toutes ces lenteurs du cinéma français. »
Annoncé pour début juillet, le tournage se fera ainsi dans peu de décors et en équipe réduite suivant une logique « anti-convention collective » affirme Paulo Branco, en référence à la polémique sur l’adoption d’un texte qui prévoit de fixer des conditions de travail communes et inflexibles à tout le cinéma français.
Ces prochains mois devraient donc être très animés pour Mathieu Amalric, que l’on retrouvera avant tout au Festival de Cannes, où il viendra en tant qu’acteur, présenter en compétition officielle deux nouveaux films très attendus : sa cinquième collaboration avec Arnaud Desplechin, Jimmy P., dans lequel il incarne un psychanalyste et ethnologue français face à Benicio del Toro ; et la comédie érotique tendance SM de Roman Polanski, La Vénus à la fourrure, qui l’opposera à Emmanuelle Seigner. Deux occasions, enfin, de remporter ce Prixd’interprétation qui lui fait encore défaut.
{"type":"Banniere-Basse"}