Toujours à la pointe des découvertes, le festival parisien Séries Mania a inauguré cette année une compétition internationale pour sa septième édition.
Vingt ans de libération de la fiction télé ont placé le genre sur la carte des activités culturelles désirables. De quoi imaginer un équivalent pour les séries au Festival de Cannes ? L’analogie est audacieuse, mais le chemin semble tracé.
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C’est ce que Laurence Herszberg, directrice générale du Forum des images et créatrice de Séries Mania, a proposé à l’actuelle ministre de la Culture, en marge de la septième édition de cette manifestation qui attire les foules sériephiles aux Halles de Paris chaque printemps.
L’avenir dira si Séries Mania peut grandir encore plus, mais le présent s’avère déjà intéressant : il était possible cette année (du 15 au 24 avril) de découvrir des épisodes en avant-première mondiale. Le jury, présidé par le créateur des Soprano David Chase – beaucoup plus affable et disponible qu’annoncé – a même eu à choisir entre huit séries en compétition.
L’intime et le fantastique
Parmi celles que nous avons pu voir (le palmarès n’a pas été dévoilé au moment où nous écrivons ces lignes), la Flamande Beau séjour a imposé en douceur l’image de son héroïne, une adolescente assassinée revenue parmi les vivants, qui assiste à l’enquête sur son propre meurtre. A voir en 2017 sur Arte.
L’australienne The Kettering Incident, quant à elle, rôde encore quelque part entre le fond de nos yeux ahuris et les limbes de notre cerveau inquiet.
Cette histoire d’une jeune femme revenue sur son île pour y régler un trauma a surpris par son étrangeté, ses douleurs exprimées sans détour, sa manière d’intégrer le fantastique à l’intimité la plus écorchée. Une aventure beaucoup plus incarnée que la belle machine froide signée Harlan Coben, The Five, sur un terreau parfois similaire.
Jour polaire, nouvelle série Canal+ écrite par les auteurs de The Bridge, a elle aussi confirmé avec beaucoup de maîtrise que les thrillers atmosphériques ont de beaux jours devant eux : ils rassurent les diffuseurs en masquant des thématiques parfois dures (ici, les mystères de l’origine et le poids des secrets) sous des récits policiers stylisés.
Hommes violents entre eux
Parfois, s’échapper des uniformes de flics fait du bien. El Marginal, série coup de poing venue d’Argentine, reprend deux décennies plus tard le fil de la mythique Oz, en proposant une plongée dans l’univers carcéral le plus brutal et sexué.
Le problème ? Au-delà d’acteurs plus vrais que nature et de quelques moments prodigieux – une incroyable poursuite dans la ville bordélique –, El Marginal manque d’un récit vraiment profond, se contentant d’observer – de mimer ? – le folklore des hommes violents entre eux. Le choc espéré ne vient pas.
Côté français, nous reviendrons lors de sa diffusion sur Au-delà des murs (Arte), minisérie fantastico-gothique en trois épisodes signée Hervé Hadmar et Marc Herpoux (Pigalle, la nuit ; Les Témoins), qui alterne des moments de pure sidération avec d’autres moins inspirés.
Irresponsable désirable ?
Issue d’un bon pilote réalisé dans le cadre d’études à la Fémis, développée ensuite pour OCS, Irresponsable – créée par Frédéric Rosset – était attendue. Une comédie de 26 minutes, française, pertinente et drôle, ce serait possible ?
En racontant la lose d’un trentenaire qui revient habiter chez sa mère et apprend qu’il a un fils, la série travaille un univers comique balisé, que l’agilité à la fois arrogante et fragile du comédien Sébastien Chassagne rend parfois irrésistible.
Au-delà du one man show, Irresponsable ne parvient pas toujours à décoller d’un récit familial attendu, par manque d’un minimum de férocité. On attendra de voir toute la première saison (prévue en juin) pour émettre un jugement définitif.
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