Classe et poésie absurde pour le retour de Verone, machine à rêves.
Avant toute chose, saluons les choix esthétiques des deux complices de Verone. Pour donner suite à son premier album, Retour au zoo, le couple de Français s’est entouré d’une armée d’artistes distingués : l’illustrateur allemand Olaf Hajek pour la pochette, Jeanne Balibar interprète sur une chanson (Transparent), des musiciens respectables (Frédéric Lo, Sammy Decoster…) et Yann Arnaud (Air, Syd Matters, Jeanne Cherhal, Camille…) à la réalisation.
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Applaudissons également la démarche : présenté en 2005 comme la révélation rock du pays, Verone, patient, a su ignorer les louanges et attendre une demi-décennie pour écrire le chapitre suivant. Une suite pour laquelle, annonçons-le enfin, nous ôtons notre chapeau. Car La Fiancée du crocodile s’impose dès les premières secondes comme l’objet le plus singulier, biscornu et poétique aperçu dans le paysage national depuis des lustres.
A la souvent très sérieuse chanson française, Verone apporte une bizarrerie et une apesanteur exquises : avec sa voix hermaphrodite, Fabien Guidollet fait sa fête à l’absurde (“Naf Naf le petit cochon tu finiras en jambon”, “les régimes de bananes sont les seuls que je vénère”, “je ramasse les mangues, les papayes”). Ne négligeant pas pour autant l’habillage musical, Vérone déballe une richesse sonore héritée d’un amour pour les albums seventies de Nino Ferrer ou les disques de The Beta Band (Le Bal de l’Empereur). Et promet d’ores et déjà, si la cadence reste la même, une éblouissante année 2015.
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