Peintre et photographe français, l’artiste Gerald Petit n’a de cesse de croiser les genres, à la manière du caméléon Prince dont il est un admirateur de la première heure. Aperçu en trois images.
Sexy Dancer, 2007
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
“Mon histoire avec Prince remonte à toujours. Il a participé au façonnage de ma culture visuelle et iconologique, à l’instar des grandes figures de la musique afro-américaine comme Sun Ra, Sly Stone ou George Clinton. Mais Prince a tenté l’absolu, dépassant ses aînés dans la construction d’une mythologie où Warhol rivalise avec Vélasquez et dans laquelle sublime et grotesque œuvrent de concert : hybridité, métamorphose, dédoublement, extravagance et projet global, tout chez Prince me renvoie à des notions qui irriguent les jubilations de la représentation.” Gerald Petit
Untitled (Prince), 2010
“Prince, figure mutante, que Gerald Petit saisit à plusieurs endroits de sa carrière, mais notamment en figure montante, alors qu’il est âgé d’à peine 20 ans. Il en fait un portrait, dédoublé en autoportrait de Raphaël. Un portrait sous les traits (de pinceau) d’un autre, en quelque sorte. Le regard est franc, pénétrant, avec un soupçon de défi et une tonne d’orgueil ; la chevelure et les boucles, princières. Le visage baigne dans une palette ocre foncé, qui a des reflets métalliques : le jeune homme brûle de conquérir la scène et le monde, comme Raphaël, fort de sa précocité, brûlait de témoigner de son génie à Florence.”
“Or qu’est-ce que Gerald Petit regarde dans ce portrait entre deux eaux, deux époques, deux hommes, deux créateurs ? Une figure qui se dissimule et cependant lui-même, l’artiste, remettant la main à la peinture, mais en pastichant un maître ancien, en s’imprégnant de sa manière de faire. Ce qui donne un portrait trans à tous les étages. Ou un trans-portrait que Gerald Petit exécute en double fan de Raphaël et de Prince.”
Extrait de l’essai L’Entremise, par Judicaël Lavrador in catalogue monographique Conversation Pieces (éditions Triple V, 2013)
Prince, 2007
“Le funk a ses walkyries, sa mythologie tordue, sa cosmogonie new-age. Comme dans toute mythologie, il y est question de sexe, de la création (du monde, des formes) et de l’histoire d’un certain nombre de personnages. Prince en est un, savamment construit, devenu pure image puisque sans nom un temps mais surtout à identités variables, multipliant les pseudos et les alter ego sans cesse, jusqu’à 3rdEyeGirl. Son portrait placé à l’entrée de l’exposition Sexy Dancer suggérait que le reste de l’exposition aurait pu être l’une de ses créations, la dernière en date.”
Vincent Pécoil, critique d’art et galeriste (La Salle de bains, Lyon, galerie Triple V, Paris)
{"type":"Banniere-Basse"}