Les Hushpuppies sont de retour avec un second album détonnant, « Silence Is Golden ». Rencontre bruyante et arrosée avec les frères Jourdan, chanteur et claviériste du groupe et découverte de deux titres en écoute.
En 2005 paraissait votre premier album, The Trap. Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis ?
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Olivier Jourdan : On a évolué depuis la sortie du premier album, même si on a pas changé notre façon de composer, ni de concevoir les morceaux. La tournée qui a suivi la sortie de The Trap nous a permis d’apprendre à jouer ensemble, à se placer les uns par rapport aux autres en termes de rythmique par exemple. Le fait d’avoir donné tous ces concerts nous a appris à nous écouter les uns les autres. Et je pense que cela s’est senti quand on est rentré en studio pour enregistrer Silence Is Golden.
Wilfried Jourdan : On a fait une centaine de concerts après la sortie du premier album, et cela nous a évidemment beaucoup appris, notamment en termes de communication à l’intérieur du groupe.
O : Ce qui explique le nom de l’album.
Justement, que signifie le titre de l’album ?
O : En fait, il faut le prendre avec ironie. Le « silence est d’or », ça veut dire que si tu te tais, tu ne vas pas faire de vagues, et vivre ta vie sans te soucier de ce qu’il se passe autour. Et c’est ce qu’on dénonce. Ce titre évoque aussi les non-dits au sein même du groupe : si on ne se dit pas les choses entre nous dès le début, ça créer des tensions et ça éclate forcément un jour. La cohésion est importante au sein du groupe.
W : Il faut toujours remettre les choses à plat et repartir de zéro. En plus, on est cinq gros caractères, donc il faut vraiment un maximum de communication entre nous.
En quoi Silence Is Golden est différent de The Trap selon vous ?
O : Sur Silence Is Golden, on a beaucoup plus travaillé le son et poussé la production des morceaux indépendamment les uns des autres. On a essayé de donner un univers différent à chaque morceau.
W : Sur le premier album, on avait essayé d’avoir une unité au niveau des morceaux.
O : Tous les morceaux de The Trap sont entièrement mixés de la même façon, notamment pour donner un son live au disque. Sur Silence Is Golden au contraire, les morceaux sont, tous très différents. Mais l’album reste cohérant. Le choix du tracklisting a été très important pour parce qu’il fallait que l’on donne de la cohésion à un album dont tous les morceaux étaient extrêmement différents.
W : On voulait qu’il y ait une histoire qui se raconte au fur et à mesure de l’album.
O : Pour le premier album, on cherchait une identité, un son. Ici, on avait déjà notre identité. On voulait faire autre chose.
W : On a conservé le côté live, mais on voulait vraiment faire quelque chose d’aboutit.
Comment s’est passé l’enregistrement de Silence Is Golden ?
O : On est retourné au Studio Black Box d’Angers avec Peter Deimel (dEUS, The Kills, Chokebore…), comme pour le premier.
W : C’est un studio « vintage » où tout est en analogique. On a tout joué live sauf pour la voix bien sûr.
O : On a voulu retravailler avec Peter Deimel parce qu’on s’était très bien entendus lors de l’enregistrement du premier album et qu’il a lui-même voulu s’impliquer sur le deuxième. C’était logique de lui confier une nouvelle fois le mixage. Quand on composait les morceaux de Silence Is Golden, il venait au local pour nous dire ce qu’il en pensait. On avait déjà commencé à parler des sons et des ambiances que l’on voulait. Du coup, quand on est arrivé au Studio Black Box, On savait exactement où on allait, et lui savait ce que l’on cherchait. On dit toujours que notre ingénieur du son, Jean, est le sixième Hushpuppies, mais on peut dire que Peter l’est aussi !
Vous avez gardé cette alternance entre ballades pop et morceaux très rock ?
O : Oui, mais sur Silence Is Golden, même lorsqu’il s’agit de ballades, le son à beaucoup plus d’impact que sur le premier album.
W : On a gardé cette alternance, on a toujours fait ça. C’est d’ailleurs pour ça qu’on est considéré comme un groupe rock à tendance pop. Pour les popeux, on est trop rock et pour les rockeurs, on est trop pop !
The Trap était plein de clins d’œil, de références à d’autres groupes, à d’autres chansons. Qu’en est-il du second ?
O : Sur le premier album, il n’y avait pas de concept, ce n’était pas prémédité. On avait juste eu l’idée de la pochette qui fait référence à Alice In Wonderland.
W : Sur le deuxième, il y a plus de fond.
O : C’est le fond et la signification des chansons qui guident l’album. Beaucoup de morceaux parlent de ce que l’on a vécu quand on était sur la route pendant la tournée, d’autres évoquent ce qu’on vit aujourd’hui, ce qui nous agace aussi, mais tout se rapporte au titre de l’album.
W : Les chansons parlent de nous, mais chacun l’interprète comme il veut.
O : Avant, nos chansons racontaient des histoires que l’on inventait. Aujourd’hui, elles parlent de nous. En plus, sur le premier album où on écrivait les paroles à deux, Cyrille (Sudraud, le guitariste) et moi, alors que sur Silence Is Golden, on a tout écrit à cinq.
Vous avez tous la trentaine maintenant. Ça change votre façon d’écrire aussi non ?
O : Évidemment et heureusement d’ailleurs. Un morceau comme I Want My Kate Moss n’est pas un morceau de teenager.
W : Il faut prendre ce morceau au second degré.
O : Pour nous, la signification de ce morceau c’est « arrêtez de nous bassiner avec des groupes qui ne savent pas jouer et qui sont adulés juste parce qu’il ont le look ». Aujourd’hui, on t’en met plein la vue, plein les yeux pour te faire oublier l’essentiel. I Want My Kate Moss parle de ça. On essaie de dénoncer ce genre de choses, mais pas de façon agressive.
Deux morceaux de votre premier album (You’re Gonna Say Yeah! et Bassautobahn) ont été choisis pour illustrer des pubs. Quelles en ont été les retombées ?
W : Ca nous a permis d’avancer.
O : En fait, ça nous permis de créer notre propre boîte d’édition. Plein de gens pensent qu’on est riches maintenant mais c’est totalement faux puisqu’on a investit tout ce qu’on avait gagné dans notre boîte d’édition. Avec ça, on se paye le local de répétition, le camion sur les tournées quand on en a besoin… On n’a jamais eu de subventions de qui que ce soit, à part de nos amis, donc ce argent nous a permis de continuer les Hushpuppies. Ça apporté une pierre fondatrice à l’édifice Hushpuppies et ça nous a permis d’être totalement indépendants.
L’année dernière, vous vouliez sortir votre album à l’étranger. Où en êtes-vous ?
O :The Trap est sortie en Allemagne, en Autriche et en Suisse. On a une licence là-bas. Silence Is Golden y sortira en janvier. On a aussi un distributeur en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas.
W : L’Italie aussi, même si rien n’est encore fait.
O : Après, tu vas me demander ce qu’il en est de l’Angleterre n’est-ce pas ? On cherche à jouer aux États-Unis en ce moment, mais pour l’Angleterre, on n’a rien du tout. Pour eux, on fait du rock, mais on sera toujours des Français. On a eu des labels qui voulaient nous prendre en licence, des touches par-ci par-là, mais rien ne s’est jamais concrétisé.
W : En Angleterre, il y a trente nouveaux groupes par semaine, donc ils n’ont pas besoin de nous.
O : Ce genre de chose ne marchent que quand tu joues la carte de la French Touch, quand tu fait de l’électro ou du rock plus arty.
Vous allez jouer à La Cigale le 4 décembre. Qu’est-ce que ça vous fait de jouer dans une si grosse salle ?
O : On a fait des festivals comme le Printemps de Bourges ou les Vieilles Charrues qui étaient énormes, mais où on pouvait voir les gens, leur parler. À La Cigale, on ne verra pas le public, c’est ce qui me fait peur.
W : Et puis, à l’inverse des festivals que l’on a faits, là, les gens ne vont venir que pour nous. C’est ce qui flippant.
O : On veut juste faire un bon concert et ne pas se soucier des retombées. S’il y en a, on s’en occupera après. Et puis, ça nous permet de faire jouer un groupe de potes que l’on aime beaucoup, Pony Taylor. On est très contents de leur donner l’opportunité de jouer à La Cigale. C’est important pour nous de mettre en avant des groupes que l’on aime. Personne ne l’a jamais fait pour nous, donc on essaie de le faire au maximum.
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