Retour sur le concert événement de PJ Harvey, le 16 novembre au Grand Rex parisien, à l’occasion de la sortie de son envoûtant « White Chalk ».
Certains râlent franchement ce vendredi de soir de grève, glacial, dans la file des grands boulevards, devant le Grand Rex. Eux qui ont déboursé entre 50 et 70 euros pour s’offrir leur place voient tout à coup des mains brandir des billets achetés à prix cassés ou tout bonnement offerts, par des malheureux qui n’ont pu se déplacer. Pourtant quelques instants plus tard, confortablement assis dans les fauteuils en cuir première classe du grand Rex, les querelles semblent lointaines, et les regards captivés par l’énorme et mythique ampli Orange, le piano surmonté de babioles en plastiques, le squelette de batterie, les sièges ornés de peau de bête qui trônent sur la scène.
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Loin des grandes salles de ces dernières tournées, Pj Harvey a ce soir fait le choix de l’intime, semblant inviter le public dans son salon home studio du Dorset pour un concert privé. Un dispositif intime et douillet au premier abord, qui se révèle bientôt casse-gueule et sans filet, dans la lignée de son vertigineux White Chalk. Quand retentissent les premiers accords de To Bring You my love, premier titre entamée à la Gibson par une Polly Jean plus Camille Claudel que jamais dans sa longue robe noire bouffante, on comprend en effet qu’elle assurera le concert seule de bout en bout.
Pendant une heure vingt d’une folle intensité, elle alterne, sidérante de maîtrise mais aussi de décontraction et d’humour, vieux titres superbement revisités (Mansize, down by the water) et morceaux du nouvel album joués sur le fil au piano, simplement accompagnée d’un métronome (When Under Ether, the Piano). En rappel, devant une Marianne Faithfull captivée, elle offre au public venue se coller tout contre la scène une version rageuse et survoltée de Rif Of me, point orgue de cette soirée d’exception.
Géraldine Sarratia
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