De grâce, il est question dès le titre du second album du Californien Nick Castro et une seule écoute du morceau d’ouverture, l’irradiant Sun Song, suffit à comprendre pourquoi. De grâce, a-t-on envie de réclamer d’emblée, prenons les précautions nécessaires pour qu’un tel disque ne passe pas inaperçu de son vivant et finisse par être […]
De grâce, il est question dès le titre du second album du Californien Nick Castro et une seule écoute du morceau d’ouverture, l’irradiant Sun Song, suffit à comprendre pourquoi. De grâce, a-t-on envie de réclamer d’emblée, prenons les précautions nécessaires pour qu’un tel disque ne passe pas inaperçu de son vivant et finisse par être déterré par les archéo-musicologues dans trente ans, de la même façon qu’aujourd’hui on exhume les vestiges pharaoniques de Bill Fay et autres Gary Higgins.
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Bien que jeune, chevelu et affilié (de très loin) à la clique du gourou Devendra Banhart, Castro n’a pas encore accédé au rang de leader maximo du néo-folk patchouli malgré un premier album, A Spy in the House of God, au dénuement acoustique fatalement séduisant. Un an après, Further from Grace est d’une tout autre facture puisque le solitaire est désormais entouré d’un groupe constitué pour moitié de membres de Espers, facilitant les exercices d’élévation instrumentale et le détachement progressif des racines nécrosées du folk orthodoxe, multipliant les pistes comme aucun autre disque issu de la même fratrie.
Ainsi est-on subjugué d’entendre en arrière- plan du ballet de violoncelle et de guitares qui domine Sun Song ? sorte de variation féerique sur Scarborough Fair transposée chez le Pink Floyd de More ? l’intrusion d’un ensemble de lutheries et percussions du Moyen-Orient qui ressurgira plus tard aux avant-postes sur l’instrumental Music for Mijwiz.
En connexion télépathique avec les grands esprits du british-folk sixties ? Bert Jansch, Al Stewart, Nick Drake ?, Castro laisse échapper, comme on ouvrirait le flacon d’un philtre ensorceleur, des mélodies d’une légèreté exquise, totalement enivrantes, et chantées d’une voix aux modulations prodigieuses. Sur l’échelle de Richter des grands tremblements émotionnels, sonfantastique Unborn Child atteint le niveau du Between the Bars d’Elliott Smith, simulant lui aussi à merveille cette approche virginale du songwriting comme s’il ne s’était jamais rien passé avant, sa pureté innocente effaçant toute référence.
S’il y a plusieurs disques ? tous passionnants, inépuisables ? à l’intérieur du pourtant très court Further from Grace, on retient d’abord ces magnifiques séquences de lévitation où les flûtes ressemblent à des colombes, les trompettes à d’insaisissables papillons et les orgues à des tapis volants. On y trouve également une valse martiale, un long développement instrumental qui entraîne Deep Deep Sea vers les rivages non moins surprenants de la musique indienne pour aboutir à la splendide rêverie finale de Walk Like a Whisper. Un miracle.
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