Le site internet des Cahiers du cinéma publie les résultats d’un vaste référendum organisé par Claude-Jean Philippe avec le soutien de la Mairie de Paris. Son but : établir la liste des 100 plus beaux films du monde. Philippe a demandé à “78 critiques et historiens de cinéma” d’établir la liste de leurs 100 films […]
Le site internet des Cahiers du cinéma publie les résultats d’un vaste référendum organisé par Claude-Jean Philippe avec le soutien de la Mairie de Paris. Son but : établir la liste des 100 plus beaux films du monde. Philippe a demandé à “78 critiques et historiens de cinéma” d’établir la liste de leurs 100 films préférés. On ne peut pas dire que la surprise soit au rendez-vous : Citizen Kane se retrouve ainsi, une fois de plus, au premier rang de la classe. Suivent La Nuit du chasseur de Charles Laughton (qui remporte ainsi la palme de l’efficience puisqu’il n’a réalisé qu’un film), La Règle du jeu de Jean Renoir, L’Aurore de Friedrich W. Murnau, L’Atalante de Jean Vigo, M. le Maudit de Fritz Lang, Chantons sous la pluie de Stanley Donen et Gene Kelly, Vertigo d’Hitchcock, Les Enfants du paradis de Marcel Carné et La Prisonnière du désert de John Ford… Rien de révolutionnaire, donc, et la suite est du même tonneau. Les trois films cités les plus récents sont Van Gogh de Pialat (1991), Mulholland Drive de Lynch (2001), et Parle avec elle d’Almodóvar (2001). En réalité, ce genre de petit jeu en apprend davantage sur ceux qui s’y adonnent que sur la valeur des films en eux-mêmes. Et on remarque que sur les 78 votants, une trentaine a collaboré un jour ou l’autre à Positif, qui s’affirme ainsi comme l’institution cinéphile la plus influente de l’Hexagone. Pour une revue qui, dans un délire paranoïaque certes bon enfant, clame depuis cinquante ans que tous les espaces et institutions de cinéma sont noyautés en France par les Cahiers du cinéma et par sa doxa triomphante, doxa qui aurait contaminé le “triangle des Bermudes de la critique”, ce club secret de journaux qui se mettraient d’accord sur la ligne à adopter avant d’écrire sur les films (Le Monde, Libération, Télérama et Les Inrockuptibles – on remarquera que pour Positif, un triangle a quatre côtés), cela prête à rire. Dans un livre intitulé La Critique de cinéma, publié il y a trois ans chez Armand Colin, René Prédal faisait d’ailleurs remarquer que l’on trouve davantage de professeurs d’université parmi les critiques de Positif que dans tout autre revue… Tout le monde sait aussi dans le monde de la critique que Michel Ciment, le directeur de publication de Positif, a un poids considérable – c’est un euphémisme – au sein du Syndicat français de la critique de cinéma. Lequel Ciment, grand théoricien du complot, fustigeait dans son éditorial du mois d’octobre la “presse institutionnelle” en ces termes : “Les complicités, les réseaux plus ou moins organisés ont fini par créer un climat délétère. On le sait, mais on ne le dit pas.” Voilà, c’est dit, Citizen Ciment.
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