Une mode masculine colorée, chiffonnée, faite de superpositions de matières, de jeux entre les genres : c’est le japonais Wataru Tominaga qui a remporté le grand prix du Jury du 31 e festival de mode et de photographie de Hyères. Le jury était cette année présidé par Julien Dossena, le directeur artistique de Paco Rabanne. Wataru […]
Une mode masculine colorée, chiffonnée, faite de superpositions de matières, de jeux entre les genres : c’est le japonais Wataru Tominaga qui a remporté le grand prix du Jury du 31 e festival de mode et de photographie de Hyères. Le jury était cette année présidé par Julien Dossena, le directeur artistique de Paco Rabanne. Wataru Tominaga, actuellement étudiant à Londres a triomphé de ses neufs concurrents, parmi lesquels on comptait de nombreux Japonais et de Finlandais. Il privilégie une attention extrême dans le rendu des matières : coton thermocollé, velours. « La mode masculine est plus intéressante en ce moment parce qu’on peut vraiment mixer les couleurs, détails, textiles», expliquait-il lors de sa présentation. Il bénéficiera d’une dotation de 15 000 euros et collaborera avec les métiers d’art de Chanel et Petit Bateau.
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La mention spéciale du Jury est elle allée à deux autres chouchous du festival : le duo Hanne Jurmu et Anton Vartiainen (que l’on tenait personnellement pour les favoris). Ces deux néo-hippies digitaux sont étudiants à Aalto, la nouvelle école de mode qui monte, pourvoyeuse d’esprits originaux et avant-gardistes. Lors de leur présentation, vendredi matin, le duo expliquait sa conception du style. Celle-ci découle directement de leur vision, de leur façon d’analyser et d’embrasser le monde, en aucun cas d’une volonté esthétique que ça ressemble à ci ou ça. « Notre style vient de la façon dont on assemble et dont on pense les choses. Nos vêtements ne sont pas désignés pour ressembler à quelque chose.» Leurs silhouettes racontent donc quelques unes des préoccupations et interrogations de la jeunesse actuelle, son engouement pour l’écologie, l’envie d’un rapport nouveau à la nature, l’artisanat, la quête de sens. Comment pourrait-on continuer à faire de la mode de la même façon, dans une logique consumériste, de dilapidation des ressources disent leurs silhouettes romantiques et néo-hippies ? Leurs garçons aux cheveux longs portent en effets des chemises bordées, des vestes composées à partir de fleurs séchées et marchent sur des derbies plateformes dont la semelle est faite en rondins de bois. « Nous avons pris des choses qui étaient près de nous. Faire venir des trucs par avion cela n’a pas de sens », ont-il expliqué. Ils ont commencé par l’arrière boutique d’un fleuriste. Ils ont récupéré les déchets, les fleurs fanées, jetées, qu’ils ont plongées dans la résine et ensuite incorporées dans le vêtement.
Le duo a également remporté le prix Chloé, qui vient récompenser une silhouette ( féminine) crée par les dix lauréats, en plus de la collection qu’ils présentent déjà au Jury. Les candidats révèlent alors leur capacité à composer une silhouette portable, à potentiel commercial. Certains se perdent dans l’exercice. Nos deux Finlandais avaient réalisé une robe qui réaffirmait encore la force de leur style, une robe blanche diaphane, qui remettait au goût du jour la technique du macramé de nos grands-mères.
Côté photographie, le jury (présidé par un William Klein mal en point, et comptant dans ses rangs Jean Paul Goude, Gareth Pugh, Cecile Cassel) a fait le choix de l’originalité et récompensé le travail très personnel, pop, humoristique et baroque de la tchèque Vendula Knopova. Pour Hyères, la jeune femme avait pris le contre pied de la présentation photographique traditionnelle : pas de grands tirages, pas de cadres mais un présentoir digne d’un magasin de plage. Y étaient accrochés un magazine édité par ses soins, des portes-clés, des cartes postales, réalisés à partir de ses photos. Elle repart avec le Grand Prix et une dotation de 15 000 euros.
S’il devait y avoir un Grand Prix du Jury musical, il irait cette année sans aucun doute à la très belle performance de la douce Juliette Armanet, organisée par Stage of the Art et Converse. La Française, qui porte haut les couleurs d’une variété française de qualité (on pense à Berger, Sanson) . Seule au piano, comme semblant sortie d’un clip de Kate Bush, la française a interprété quelques unes de ses pépites, sur la terrasse de la villa Noailles. Majestueux.
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