Des fêtes sauvages dans les usines et entrepôts désaffectés à la création d’un label aux multiples ramifications, les parisiens de Cracki Records sont devenus, en moins de dix ans, incontournables. En attendant la grande fête du Macki Festival début juillet, qu’ils co-organisent avec le collectif La Mamie’s, Cracki balance en exclu le clip de « Prettiest Virgin », le tube de leur très cool nouvelle signature Agar Agar. Et nous reçoivent backstage, au Glazart.
« Il y avait un Soundcloud avec deux, trois démos et voilà, on a décidé de partir en studio enregistrer tout ça. » Affalé dans le canapé défoncé du backstage de la salle parisienne du Glazart, Donatien Cras de Belleval, co-fondateur du collectif et label parisien Cracki Records, nous parle de son coup de coeur pour Agar Agar. Le duo formé par Armand et Clara, deux étudiants en école d’art, nous avait collé fin avril une énorme claque avec Prettiest Virgin et nous gratifie aujourd’hui en exclue du clip de ce premier single. « Je faisais des lives électro avec des machines et Clara avait déjà chanté avec des groupes ; mais avec Agar Agar, la prod se fait à deux« , lâche Armand, sous le regard approbateur de Clara.
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Programmé ce soir aux côtés des Danois de Waldo & Marsha et du parisien LeonxLeon pour une Opening Party de la Plage du Glazart qui finira par se jouer sous la flotte, Agar Agar bénéficie de la hype qui entoure, à juste titre, le label sur lequel le groupe est signé : Cracki Records.
Ich bin ein Berliner
Cracki Records, c’est l’histoire d’une poignée de kids partis au quatre coins du monde et revenus en France avec la ferme intention de réveiller la capitale. Une histoire de potes comme on en voit partout, qui commence à cheval sur des mobylettes.
« Avant de partir en Inde, d’où nous avons ramené notre logo Ganesh, on a fait le tour de France en mobylette, raconte Donatien. En fait, on avait monté une association, Les Singes du Bitume et on retapait des vieilles mobylettes. Pendant notre voyage, on a commencé à écrire dans un magazine gratuit qui s’appelait Keith Magazine. On faisait des chroniques musicales et c’est comme ça qu’on a découvert plein d’artistes qui n’étaient signés sur aucun label. On a rencontré ensuite le boss de Dawn Records, qui nous a encouragé à monter un label. C’est là qu’on a commencé à comprendre comment ça fonctionnait. »
François Kraft, autre fondateur du label, qui, à 19h, soit quelques dizaines de minutes avant le set de Waldo & Marsha, s’active pour dégoter une pédale de grosse caisse pour le groupe Danois, rappelle que Cracki a été l’un des premiers collectifs dans la France des années 2010 à ramener de Berlin le concept de fête décomplexée.
« Au début, on ne faisait que de l’évènementiel parce que c’était plus simple. On produisait des soirées dans des usines, des gares ou même dans la forêt, mais jamais dans des lieux officiels. Un peu dans un esprit rave. Et tout le monde venait. On mettait du son dans les hauteurs de Belleville et les gens trouvaient ça incroyable. Les open air, personne n’en faisait à l’époque, alors qu’à Berlin c’était ça tous les week-ends. C’est un peu cliché, mais tous ces évènements ont clairement été inspirés par mon expérience de vie à Berlin. »
« C’est vrai qu’à l’époque, en 2008-2009, on était tous intrigués par Berlin, rajoute Donatien. C’était un peu l’excitation. »
Un spectre large
Deux ans de teufs plus tard, Cracki se lance dans la prod musicale, toujours de façon aussi décomplexée. « On faisait jouer beaucoup d’artistes lors de nos soirées, raconte François. Et on s’est dit qu’on pouvait continuer à développer le truc en produisant de la musique ensemble. On avait déjà un public, pour tous les gens qui ont aimé nos soirées, on ne venait pas de nulle part. » De la techno hypnotique de Renart, aux ambiances r’n’b nappées de synthé 80’s de Ménage à Trois, les sorties estampillées Cracki Records se suivent et ne se ressemblent pas toujours.
« Notre catalogue est très bizarre ; du folk à l’indé, de la techno acid, en passant par la pop et le funk, la cohérence est chelou, admet François. Mais notre source d’inspiration quand on a lancé Cracki, c’était des labels comme Warp. Un label comme celui-là possède un spectre très large, mais au final, on finissait pas écouter un titre et se dire : whoa, ça sonne vachement Warp. On veut tendre vers ça. »
Cette volonté d’éclectisme se traduit par une multiplication d’évènements tout aussi diversifiés, sur lesquels interviennent de près ou de loin les mecs de Cracki. Si bien, que le public parisien peut être assuré de tomber au moins une fois par semaine sur un artiste issu du roster du label à l’éléphant. Si des cartes blanches comme celle offerte par le Glazart chaque année pour le lancement de la Plage, offrent au label une belle exposition, le Macki Music Festival reste depuis trois ans, la vitrine la plus importante pour Cracki records.
« Le Macki c’est super », nous confie Donatien. Ça permet de faire jouer nos groupes. C’est un premier tremplin qui, je l’espère, est suivi par les autres programmateurs, qui pourront à leur tour faire jouer nos groupes dans leurs festivals. »
« Ce festival nous correspond bien. Quand toute l’année tu fais des events à taille humaine, on se dit qu’on peut se lâcher avec des noms comme Floating Points, qui coûtent une fortune, rajoute François. Mais tu te rends aussi compte que les gens ne viennent pas que pour la tête d’affiche. Ils viennent surtout pour un line-up cohérent et un état d’esprit. En faisant venir des artistes qui nous ressemblent, comme François & The Atlas Mountain, ça parle aux gens. »
Pourtant, les mecs de Cracki reconnaissent s’être un peu éloignés de l’éthique originelle du collectif, qui consistait à monter des fêtes dans des lieux alternatifs, en s’émancipant des contraintes liées au règles strictes de l’organisation d’évènements dans des lieux dits conventionnels.
« L’an dernier, on a beaucoup testé. On a produit des soirées dans tous les clubs et salles de concert parisiens, mais c’est n’est pas ce qui nous tient à coeur particulièrement. On s’est construit en opposition avec ces lieux où il y a trop de contraintes en tout genre. On va plutôt revenir à ce que l’on a toujours fait et on va sélectionner. On sera toujours partant pour un bel évènement comme on fait le 17 juin à la Gaité Lyrique en invitant le Tresor, mais on ne sera pas tous les week-end en club. »
Alors que la plage du Glazart commence à se remplir et que Waldo & Marcha s’apprêtent à monter sur scène, François et Donatien nous livrent leurs ambitions pour le futur du label.
« On veut étendre le label à l’international et continuer à développer Cracki. On aime bien découvrir et signer des groupes étrangers. On développe aussi des licences jusqu’en Asie ! On voudrait aussi faire des tournées et emmener Agar Agar aux USA l’année prochaine. L’objectif, c’est de suivre les groupes qu’on a découvert, les développer et emmener tout le monde vers le succès. »
A ne pas manquer :
Vendredi 17 juin, à la Gaité Lyrique : Cracki Records présente : 25 years Tresor : https://gaite-lyrique.net/moritz-von-oswald-jonas-kopp-vainqueur-claudia-anderson-ian-tocor-renart-voiron-caandides
Du 1er au 3 juillet, à Carrières-sur-Seine, le Macki Music Festival : http://www.mackimusicfestival.fr
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