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La boutique Bis ouvre ses portes le mois prochain à Paris. Son concept : créer des contrats d’insertion en donnant une seconde vie à des vêtements de qualité.
« Vendre des vêtements griffés à des prix H&M », tel est le crédo de Rémi Antoniucci. À 30 ans, l’ancien consultant pour des entreprises en difficultés, a été mandaté par le Secours Catholique. Sa mission : réfléchir à comment utiliser les 130 tonnes de vêtements de seconde main donnés chaque année par les particuliers, essentiellement des habitants des beaux quartiers parisiens, plus Gucci que Tati. Bien dommage de jeter de belles pièces, pas du tout abîmées et même pas démodées.
Rémi Antoniucci a donc proposé à l’association un positionnement haut de gamme qui permettrait de générer du travail. Son projet s’articule autour d’un atelier et d’une boutique, pour d’une part trier et stocker les vêtements et de l’autre les vendre. L’atelier a ouvert début janvier dans le 19ème arrondissement de Paris. Ses 200 m2 d’entrepôt sont une véritable caverne d’Ali Baba de la fripe.
Des emplois « solidaires »
Le projet a permis de créer 16 postes : 4 cadres et 12 salariés embauchés en contrat d’insertion d’un an. Parmi eux, agents de tri, chauffeurs et futurs vendeurs. Des personnes avec de « vraies difficultés professionnelles et sociales », qui suivront des formations professionnalisantes afin de mettre toutes les chances de leur côté pour qu’ils se réinsèrent dans le marché du travail à leur sortie. Rémi vante aussi les mérites du circuit court local, plus écolo, « des vêtements de parisiens vendus à Paris, passant par un chantier d’insertion sur Paris », ce qui est très rare.
Le Secours Catholique s’est engagé à donner gratuitement l’ensemble des vêtements récoltés à l’association de Rémi agréée ACI (Atelier et chantier d’insertion) et à financer le projet en période de démarrage. Les vêtements sont triés pour n’en garder que 10%, la crème de la maille, qui alimentera quotidiennement la boutique qui va ouvrir dans le Haut Marais.
Les vêtements non sélectionnés repartiront au relai du Secours Catholique afin d’être redistribués à d’autres associations ; SDF du 19ème, détenus des prisons de la Santé et de Fleury Mérogis, sportwear pour les Haïtiens…
Dans l’atelier, les employés en blouse blanche assistent à une formation « Gestes et postures ». L’animateur leur explique comment se baisser pour ramasser des cartons afin de « préserver leur capital santé ». Tandis qu’il contrôle leur geste, Annabelle au secteur enfant, confie qu’après deux licenciements économiques, ce projet la « booste ». « Avec un parcours chaotique fait de galères et de dettes, on se sent chanceux », raconte-t-elle. Ca lui donne envie de travailler dans la récup par la suite.
Une Factory de la mode
Rémi farfouille dans les fringues pour montrer des pièces d’excellentes qualité. En tâtant de la doudoune tendance, il explique que les vêtements femme, homme, enfant et des accessoires seront vendus de 5 à 120 euros maximum. « Un jean basic Gap reviendra à 8 euros, une robe Kookaï entre 10 et 12 euros », par exemple. « On a même trois paires de Louboutin pour l’ouverture ! », s’enthousiasme-t-il.
L’esprit bobo est assumé. Rémi évoque la réalité du marché parisien : les personnes à faibles revenus ne vont pas s’habiller dans des friperies mais dans des magasins de vêtements neufs pas cher. La clientèle attendue est donc un public de jeunes et d’amateurs de bonnes affaires.
« J’aimerais faire un équivalent d’Oxfam en Angleterre ou de la Salvation Army aux Etats-Unis, qui marchent bien », confie Rémi. Des paillettes plein les yeux, il verrait bien Bis, comme une petite Factory. « Un lieu culturel avec des expos, de la musique et des partenariats avec des stylistes qui prêteraient de belles pièces, ou encore avec des marques qui donneraient leurs invendus… »
Sans oublier l’emploi, les bénéfices seront réinvestis. Rémi parie sur la création d’une cinquantaine de postes sur trois ans et pourquoi pas l’ouverture d’autres points de vente. Tout le monde s’affaire pour l’ouverture. Au vernissage prévu la veille, c’est soirée champagne et bière à volonté !
Eléonore Sok-Halkovich
Bis Boutique Solidaire, du mardi au samedi de 10h à 19h, 7 boulevard du Temple, 75003. Vernissage le mardi 13 mars de 18h à 22h. Ouverture le 14 mars.
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