Fauchée la fashion ? Cette année ce sont en tous cas les marques de fast fashion, telles H& M et Zara qui assuraient les nights. Episode 1, où l’on croise 2 Many Dj’s, Brodinski et même Laurent Blanc.
C’est une espèce de truc. Un machin, mi-accessoire, mi-animal. Concrètement, un bracelet de cuir noir avec deux boucles surmonté d’une improbable touffe de plumes. Un petit objet peu évident que les invités du grand raout organisé par la marque H & M le 27 février au soir se sont faits refiler en guise de cadeau de bienvenue. Si l’on n’est pas certain que le petit présent ait fait son carton parmi les foules du soir, reste que la fête, elle, fût un succès. Massif, comme le décor.
Pour célébrer sa nouvelle collection, H & M a donc investi en ce début de semaine l’immense jardin du Musée Rodin à Paris. Derrière le vieux bâtiment s’étendait ainsi, sur une bonne centaine de mètre, un incroyable chapiteau blanc monté pour l’occasion. Là, fusant sur une moquette beige, slalomant entre de jolies petites demoiselles grimées en femmes de chambres et proposant moult petits fours, les cohortes d’invités ont joué les furies jusqu’aux bars. Au bout du fameux chapiteau, ça jouait des coudes pour choper sa coupe à l’œil. Sans jeter un regard à la douce Owlle qui, plantée sur un lit à baldaquin surplombant le monde, s’époumonait dans les aiguës Il a en fait fallu que les deux compères flamands des 2 Many Djs mettent en marche leur platine électro pour emballer la soirée. En deux coups de cross fader, le barnum fashion s’est soudainement transformé en cirque total, les gens vrillant comme des lucioles sous kétamine sur l’immense piste de danse. Coincés sous les ors d’un grand tipi fermé, on avait comme l’impression de participer à une fête du monde, paradoxalement coupée de celui-ci. « Ce truc a dû coûter cinq millions à tout casser » a sifflé un type. Cela dit, cinq millions ou pas, ça n’a pas empêché les gens de foutre le souk. « Il est deux heures, les gens commencent à arracher les fleurs des spots » se désolait un cerbère à l’entrée de la soirée.
Plus tard dans la soirée, à l’autre bout de Paris, du côté du Silencio, on a retrouvé l’espèce de machin en cuir et en poils. « Je ne sais pas pourquoi, on m’a refourgué ce bidule, je ne sais même pas ce que c’est » soufflait un des organisateurs de la soirée du moment, la bien nommée International Youth. Les soirées de Fashion Week prenant des allures de safari, une partie des invités de chez H & M ont migré au même endroit dans le creux de la nuit. Là-bas, l’ambiance était à l’ultra hip hop : sur du Dr Dre bien senti, façon The Watcher, Théophilus London accoudé au zinc et Pusha T sur une banquette, ça frétillait des épaules entre potos. Une soirée à taille humaine, comme celle qui avait lancé la Fashion Week la veille, le 26 février. Ce soir-là, le monde était réuni au Montana, à Saint-Germain. Une enceinte sélective pour mines et nez poudrés où l’on a fêté les dentelles d’Etam. MIA sous ses lunettes de soleil, Romain Gavras, Hanni El Katib, Mark Ronson, Jamie Hince des Kills en disc-jockey et, cerise sur le gâteau, Gilles Lelouche, l’audience était ciblée. Scoop people : ledit Gilles Lelouche était cette fois en costume, ce qui est apparemment hyper rare. Wahou, mais c’est que les gens sont complètement YOLO pendant la Fashion Week. Un costard, t’imagines le maboule ?
Jeudi soir, le safari des branchés reprenait de plus belle, et déjà, on entendait les habitués se plaindre à coups de jugements définitifs. « Les marques n’ont pas de fric cette année, organiser juste un cocktail, franchement c’est un peu la honte. » Bref, il était à peine débouché qu’on déclarait d’ores et déjà que ce cru ne serait pas exceptionnel. La crise, manifestement, ne passera pas par Surface to air, la marque de la rue de Turenne à Paris inaugurant une nouvelle boutique du côté de la rue de Grenelle dans le 6ème arrondissement. Se battre pour chopper une vodka, aller dans le bar d’à côté pour se soulager, c’est aussi ça la rançon de la gloire et de la FW. On y aura croisé les stakhanovistes de la nuit, la moumoutte inimitable de Gaspard Augé – demi Justice – et ce bon vieux Brodinski, tout encapuchonné, dissertant à l’envi sur sa tendre affection pour celui qu’on connaît désormais sous le petit sobriquet de mi-homme, mi-cochon, ambiance combinaison orange et petite blagoune sur Rikers Island.
Le temps de traverser la Seine, les aventures dans les beaux quartiers se poursuivaient au Titty Twister, pour une soirée Barbara Bui dans un cliché de boîte du 8ème. On aurait pas franchement été surpris de croiser des vieux footeux amateurs de mauvais night-clubs du PSG, mais à la place, on a eu droit au « Président », Lolo Blanc himself, tout flare, à envoyer des checks à tout va. Il y a donc une vie après l’équipe de France. On pourrait disserter à ce stade sur les présences de Valerie Zeitoun, d’un producteur de porno français tout pété, d’un mauvais sosie de Sébastien Folin et d’autres énergumènes dans le genre, mais tout le monde s’en branle n’est-ce pas ? Comme notifié grassement aux dessus des chiottes des filles, ça suintait las « chicas calientes », le bon goût pas toujours au rendez-vous mais les atouts clairement au balcon. Tout ça finit par mener ces gens au Baron, où se tenait l’acte 2 de la soirée Surface to air. On pourrait essayer de raconter une anecdote, mais à vrai dire, la Fashion Week n’était là qu’un prétexte et la population la même que d’habitude. (A suivre)
Raphael Malkin et Loïc H. Rechi