Il y a trois ans à peine, Maud Dardeau était encore peintre et illustratrice. Passionnée par le tatouage, elle « passe de l’autre côté » sous le patronage de Tin-Tin, dans son prestigieux shop. Un travail tout en finesse inspiré des gravures de Gustave Doré ou Albrecht Dürer. Installée sur son tabouret, machine à la main, Maud […]
Il y a trois ans à peine, Maud Dardeau était encore peintre et illustratrice. Passionnée par le tatouage, elle « passe de l’autre côté » sous le patronage de Tin-Tin, dans son prestigieux shop. Un travail tout en finesse inspiré des gravures de Gustave Doré ou Albrecht Dürer.
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Installée sur son tabouret, machine à la main, Maud Dardeau commence à tracer les lignes d’un crâne composé d’animaux sur le dos d’Anthony. Il vient de signer pour une dizaine de séances d’environ 4 heures chacune, parsemées d’ombrages et de dotwork. Peu importe, il lui fait « confiance, les yeux fermés ». Il est venu parce qu’il avait « envie de trucs différents » et repartira avec une pièce unique qu’il a pu voir et approuver il y a à peine une heure. Signe de reconnaissance ultime, les clients laissent Maud « tout faire à sa sauce », entre nuances de noir et science du détail.
De peintre, tu te retrouves directement à travailler chez Tin-Tin, comment es-tu tombée ici ?
Mon premier tatouage a été fait par un mec d’ici : Alex Peyrat [l’amoureux de Cœur de Pirate, pour les amateurs de people, il travaille aujourd’hui à Montréal chez TattooMania, ndlr.] Il savait que je dessinais et m’a demandé de ramener mon book. C’est là que j’ai rencontré Tin-Tin, il m’a prise sous son aile il y a trois ans. L’avantage de travailler avec lui, c’est que j’ai tout réappris : une machine n’est pas un stylo. Il a fallu que je recadre mes dessins pour qu’ils deviennent des tatouages. En peinture, je faisais des trucs un peu débiles, je me voyais mal faire des saucisses sur les cuisses…
Justement, tes peintures n’ont rien à voir avec tes tatouages, comment t’es-tu intéressée à la gravure ?
Ça me plaît d’approcher un dessin pour en voir les détails. J’aime bien me faire chier à faire des petits points, à revenir sur le dessin, plusieurs fois. Il y a plusieurs couches, des lignes croisées, je reviens, je réombre. Ça prend du temps.
Quelle part de recherches y a-t-il dans te tatouages ?
Beaucoup. J’ai une bibliothèque remplie de bouquins, pas mal sur Gustave Doré, Albrecht Dürer ou sur les ornements. Il y a aussi beaucoup de photos que je réinterprète en gravure.
Comment travailles-tu ?
L’idée de base m’est donnée par le client, je la travaille, je fais un montage sur Photoshop et je prépare le dessin. Après je vois avec eux, on retouche si nécessaire. Je fais les grandes lignes sur calque, pose le tracé et ensuite, je travaille les détails, le remplissage et les textures au ressenti : c’est sur le projet que tout se passe. Je laisse un peu aller ma main, comme sur un tableau. Je fais de plus en plus de grosses pièces qui me prennent entre 25 et 30 heures de boulot. Après, je ne refuse pas les petits tatouages. Entre deux rendez-vous, ça se fait.
Faire une grosse pièce, tout un dos par exemple, c’est une sacrée responsabilité, ton rapport au corps a-t-il changé au fil du temps ?
Je suis phobique… Au début, j’allais même jusqu’à scotcher les nombrils des clients pour ne pas les voir. Ça faisait beaucoup marrer Tin-Tin. (Rires). Aujourd’hui, je suis plus cool avec ça, mais je crois aussi qu’à un moment, on oublie cette responsabilité. Je vois les gens comme des supports et le tatouage comme un habillage. Après, bien sûr, le tatouage, c’est une nouvelle peau. A chaque fois, c’est une nouvelle appréhension, rien n’est acquis.
Maud Dardeau, chez « Tin-Tin Tatouages » 37, rue de Douai – 75009 Paris 01 40 23 07 90 Retrouver Maud Dardeau sur Facebook et sur Instagram. Maud Dardeau participera au Mondial du Tatouage, les 7, 8 et 9 mars à Paris et à la convention de Rennes les 17 et 18 mai.Cécile Becker
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