Le collectif du Septième continent bouscule la formule ciné-club avec un événement mensuel mêlant longs et courts métrages, performances, soirées et plus encore. Tous les mois depuis bientôt un an, au multiplexe flambant neuf bien qu’un peu isolé de l’Étoile Lilas (métro Porte des Lilas à Paris), se presse une petite foule cinéphile, curieuse ou […]
Le collectif du Septième continent bouscule la formule ciné-club avec un événement mensuel mêlant longs et courts métrages, performances, soirées et plus encore.
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Tous les mois depuis bientôt un an, au multiplexe flambant neuf bien qu’un peu isolé de l’Étoile Lilas (métro Porte des Lilas à Paris), se presse une petite foule cinéphile, curieuse ou déjà habituée des rendez-vous du Septième continent. Au programme, un thème ouvert et évocateur (« Nuit », « Sang », « Monstres marins », etc.), qui relie un court et un long métrage issus de la jeune création française (occasionnellement étrangère), complété par une fête sur la terrasse du cinéma.
Les esprits malveillants diraient que dans une métropole où la tradition cinéphile est si intense, et où les ciné-clubs continuent d’essaimer aux quatre coins des salles art et essai du centre ville, il n’y a pas lieu de réinventer la roue. Pourtant, quelque part dans la formule du Septième continent, le feu a pris : lors de l’édition du mardi 25 février, près de 450 spectateurs se pressaient pour aller voir Pour faire la guerre, exercice d’interprétation orchestré par Cosme Castro (anciennement Pablo Nicomédès) et Léa Forest, et Mes souliers rouges de Sara Rastegar, film de famille brossant le portrait d’une petite tribu de révolutionnaires iraniens émigrés en France. Un succès tonitruant pour une pratique cinéphile dont la norme est plutôt de remplir timidement les salles de quartier et les cinémathèques.
Derrière le phénomène, un collectif de jeunes professionnels du cinéma (acteurs, réalisateurs), pas farouches et résolus à créer un vrai rendez-vous à la fois pointu et attractif. « Même si nous sommes tous cinéphiles, nous n’avons pas la culture des ciné-clubs, que peu d’entre nous ont fréquenté vraiment régulièrement. Nous sommes autodidactes : pas de professionnels de la com’, le projet est un véritable espace de débrouille », explique Anne-Sophie Jeannin, membre du collectif. Un esprit très volontaire et conquérant se diffuse dans la soirée, où le refus de s’engoncer dans les réflexes plan-plan résonne à chaque étape du programme. Impros théâtrales au pied de la salle pour patienter pendant que le public s’installe, échanges assez rentre-dedans avec le parrain (on y a vu Valérie Donzelli, Bertrand Bonello, Vincent Macaigne, etc.), ciné-concerts (La Femme, rien que ça), performances, et pas de petit pot de routine après la séance : une vraie fête, sur une vaste terrasse surplombant le décor urbain, avec de la musique, un bar qui carbure et du beau monde.
Même si le succès est au rendez-vous, l’équipe ne se raconte pas encore d’histoires, et sait que le rendez-vous touche encore principalement un public d’initiés. « C’était un gros pari de lancer le concept dans un multiplexe : c’est aussi parce que l’Étoile Lilas venait de démarrer qu’ils ont bien voulu relever le défi avec nous. » Mais la communauté très impliquée de la jeune création ciné n’a pas son pareil pour passer le mot, et parvient sans peine à remplir la salle. Car le Septième continent est aussi l’occasion d’identifier cette nébuleuse DIY en véritable ébullition, où les autoproductions les plus légères croisent des projets singulièrement ambitieux, parfois tournés en pellicule (on y a vu Les Rencontres d’après-minuit, et plusieurs films Ecce), et dont tous les créateurs se rassemblent dans ce qui devient pour eux un joyeux point de rencontre. « Mon film Artémis cœur d’artichaut y a été montré avec un court-métrage d’Antonin Peretjatko (réalisateur de La Fille du 14 juillet – ndlr) en septembre. Depuis, je ne manque pas une séance », raconte Hubert Viel, conquis.
En attendant de devenir un rendez-vous grand public, le collectif pense déjà à l’après. Vu l’emplacement (aux portes du 93), une des prochaines étapes est de communiquer activement en banlieue : « on s’y met sérieusement ». Mais une diversification des activités est aussi sur la table : grossir les partenariats, mettre en place de nouveaux rendez-vous, et pourquoi pas s’impliquer dès la production des films. « Le rêve, à moyen-long terme, c’est peut-être de devenir un festival », nous confie une des organisatrices. De la suite dans les idées, donc.
Théo Ribeton
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