Dans funérailles, il y a aussi le mot fun. C’est un lapsus digne de Six Feet Under : le Funexpo 2014 n’est pas une fun fair, ni un rassemblement de fans de jeux vidéo. C’est le nom, un poil indélicat, du salon annuel des pompes funèbres de Lyon. Bourde tragi-comique ou désir de dérider un milieu […]
Dans funérailles, il y a aussi le mot fun.
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C’est un lapsus digne de Six Feet Under : le Funexpo 2014 n’est pas une fun fair, ni un rassemblement de fans de jeux vidéo. C’est le nom, un poil indélicat, du salon annuel des pompes funèbres de Lyon. Bourde tragi-comique ou désir de dérider un milieu qui fait rarement sourire ceux qui s’y frottent ? Nul ne sait, même si l’événement, situé dans un site digne d’un club de vacances, propose divers workshops et activités. Après le Salon de la mort en 2011, qui permettait à ses visiteurs de prendre des selfies dans les cercueils ou de précommander des cercueils biodégradables – tout ça en plein Carrousel du Louvre –, la France serait-elle en train de rattraper la tendance américaine de l’enterrement sympatoche?
Aujourd’hui, des sociétés spécialisées comme Final Fling (“dernier coup de cœur”) ou Golden Gate Funeral Home proposent des funérailles honorant les goûts de la personne qu’on enterre. La famille d’un fan de boxe a fait construire un ring où chaque membre du staff portait des gants et un short. Un père de famille dont les deux grandes passions étaient Noël et la plage a été salué d’un thème de Père Noël tropical, alliant nains déguisés en lutins, prêtre avec barbe blanche et short, et barbecue au soleil. Autre best-seller, le thème Star Wars avec un tour en hélico en guise de Faucon Millenium, et pilote déguisé en alien pour aller répandre les cendres. Tout aussi étrange, la société My Last Song se vante de funérailles intégralement rose fluo, pour une jeune fille de 29 ans “qui adorait faire la teuf en rave party”.
Et si cela fait froid dans le dos, c’est une façon d’envisager la mort paradoxalement plus proche de nombreuses traditions anciennes que ne le sont nos funérailles classiques.“Plutôt que de pleurer la perte d’un proche, on choisit d’honorer sa vie”, pense le directeur de Golden Gate Funeral Home, John Beckwith Jr. Depuis l’Irlande, qui encourage à boire des bières près du tombeau ouvert, jusqu’aux grandes fêtes dansantes en Indonésie, l’enterrement n’a pas toujours été destiné à ceux qui y assistent. Au contraire, on demande aux participants de faire abstraction de leurs propres sentiments de perte, de se recentrer sur celui ou celle que l’on célèbre, et de lui offrir toute leur attention, une dernière fois. Avec ou sans Princesse Leia à ses côtés.
Alice Pfeiffer
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