Vasantha Yogananthan s’est invité cinq étés de suite au milieu des familles en camping sauvage sur plage de Piémanson. Cette expérience fait aujourd’hui l’objet d’un livre de photos. Entre 2009 et 2013, le photographe Vasantha Yogananthan, amoureux des clichés de Chris Killip et Patrick Faigenbaum, a partagé la vie en communauté des campeurs en quête […]
Vasantha Yogananthan s’est invité cinq étés de suite au milieu des familles en camping sauvage sur plage de Piémanson. Cette expérience fait aujourd’hui l’objet d’un livre de photos.
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Entre 2009 et 2013, le photographe Vasantha Yogananthan, amoureux des clichés de Chris Killip et Patrick Faigenbaum, a partagé la vie en communauté des campeurs en quête de liberté qui viennent de toute l’Europe, chaque été, sur la plage sauvage de Piémanson (Bouches-du-Rhône). L’ouvrage du même nom, premier opus de la toute jeune maison d’édition indépendante Chose Commune, est le fruit de ces cinq saisons de bivouacs immortalisées à l’argentique. Édité a seulement 650 exemplaires (un tirage Fine Art est offert avec les cinquante premiers), il est notamment distribué à la librairie de la Maison Européenne de la Photographie, chez Artazart, à la Galerie Yvon Lambert, sur le site de Chose Commune et dans des librairies spécialisées à Londres. Dans les textes de Vasantha, qui accompagnent son travail photographique, il est question de tubes de l’été, d’épuisettes, de dunes et de bois flotté : un décor à la fois familier et singulier. Le bloggeur Rémi Coignet signe un petit passage du livre, dans lequel il raconte ses propres souvenirs de séjours en famille à Piémanson, entre terrains de pétanque et barbecues. Il souligne l’ « empathie » et la « bienveillance » du photographe dans son traitement des paysages et du quotidien des protagonistes. Vasantha nous a accordé un petit entretien, à la veille du lancement de son travail au BAL (le 25 juin 2014), entre un voyage à Londres (et une invitation impromptue au studio de Martin Parr) et son départ pour les rencontres d’Arles.
Quelle est l’histoire de la plage de Piémanson ?
Vasantha Yogananthan: Elle remonte aux années 1950, lorsque les habitants du coin commencent à construire des petits cabanons de fortune pour s’abriter contre le mistral et les intempéries, lors des vacances à la plage en famille. Dans les années 70, le vote de la quatrième semaine de congés payés et la construction de la route entre Salin-de-Giraud et Piémanson entraînent une forte augmentation du nombre d’estivants. À l’époque, d’autres plages sauvages existent encore : Beauduc, Les Saintes-Maries-de-la Mer, Port Saint-Louis… Aujourd’hui, elles ont toutes été fermées par l’État et Piémanson demeure la dernière grève sauvage de France.
Comment vous est venu l’idée d’y consacrer une partie de votre travail ?
Je suis tombé complètement par hasard sur la plage de Piémanson en juillet 2009, alors que j’étais dans la région. Les habitants ont tout de suite remarqué que je n’étais pas un habitué et ils m’ont invité très vite à partager leurs repas. Puis j’ai partagé cinq étés avec quelques familles de Piémanson. L’objet de mon travail n’était pas d’être exhaustif et de photographier tous les habitants du lieu : je cherchais plutôt une intimité. La première année, on se demandait un peu ce que je faisais là. La seconde, j’ai commencé à être plus intégré. La troisième, je faisais partie de la « famille ». C’est à partir de cette troisième année de prises de vue que les photos les plus fortes ont commencé à « sortir ».
Comment se sont déroulées vos saisons au sein de ces familles de campeurs ?
Camper cinq étés à Piémanson ne fut pas simple tous les jours. Comme je travaillais en argentique, le problème principal était d’éviter que des grains de sable ne viennent se loger dans l’appareil dès le changement de pellicule. Par moments, le mistral était si déchainé qu’on se serait cru dans un désert américain ! Fort heureusement, quelqu’un était toujours là pour me filer un coup de main. Chaque année, à mon retour, j’offrais des petits tirages aux habitants dont j’avais tiré le portrait et ce moment était toujours extrêmement émouvant. Tous autour de la table, on se remémorait les souvenirs de l’année passée, alors qu’un nouvel été commençait. Quelle ne fut pas ma surprise quand je vis pour la première fois ces photos encadrées dans leurs caravanes !
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