Bob Hardy, le bassiste du groupe Franz Ferdinand, prend des selfies déroutants, où il se donne à voir en mec banal, tendance intello solitaire. Depuis 2005, le musicien et ancien étudiant en art se plie au même rituel. Avant de quitter la chambre d’hôtel où il loge durant les tournées de son groupe, Bob Hardy range, […]
Bob Hardy, le bassiste du groupe Franz Ferdinand, prend des selfies déroutants, où il se donne à voir en mec banal, tendance intello solitaire.
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Depuis 2005, le musicien et ancien étudiant en art se plie au même rituel. Avant de quitter la chambre d’hôtel où il loge durant les tournées de son groupe, Bob Hardy range, fait sa valise, et se prend en photo assis ou allongé sur le lit, en train de lire.
Au total, 325 autoportraits qui bousculent avec humour le cliché de la rock star. Puisque depuis quelques années, de Katy Perry à Miley Cyrus, la moindre chanteuse pop a fait sienne le credo « sex, drugs and rock’n’ roll », il semble que la provocation réside désormais pour les rockeurs dans l’affirmation de leur cérébralité.
Pas de chambre sens dessus dessous, de cocaïne sur la moquette, ou de filles nues dans les draps. Bob Hardy est un garçon calme, propre et cultivé. Il lit, et pas n’importe quoi : on reconnaît entre autres The Age of American Unreason, de Susan Jacoby, une étude critique de la culture américaine de ces quarante dernières années, et les Interventions de Noam Chomsky (une compilation des essais de Chomsky sur la politique américaine post 11 septembre).
Hardy confie avoir caché sa tête derrière un livre par timidité. On voit plutôt là une façon de moquer le phénomène de l’icône (le musicien dont la petite bouille blonde est bien connue des amateurs de rock est rendu anonyme par l’objet qui lui cache le visage). C’est aussi, et surtout, une affirmation de sa qualité de penseur, au même titre que celle de rock star. Le cadrage large laisse voir la valise et la chambre d’hôtel, différente à chaque fois, rappelant le succès du groupe, mondialement connu, tandis que ce drôle de personnage à tête-livre semble vouloir nous dire : « je ne suis qu’intellect! »
Hélène Tissier
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