Comment réaliser son potentiel, booster sa créativité, ou faire durer l’amour? Autant de questions auxquelles la School of life, importée de Londres à Paris, donne des clés pour répondre en piochant aussi bien dans la poésie que l’entreprenariat. Mardi soir, 19h. Une cohue de femmes et une poignée d’hommes se pressent rue Pétrelle, dans le […]
Comment réaliser son potentiel, booster sa créativité, ou faire durer l’amour? Autant de questions auxquelles la School of life, importée de Londres à Paris, donne des clés pour répondre en piochant aussi bien dans la poésie que l’entreprenariat.
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Mardi soir, 19h. Une cohue de femmes et une poignée d’hommes se pressent rue Pétrelle, dans le 9e arrondissement parisien. L’objet de leur engouement? Le nouveau cours de développement personnel à la mode, The School of Life, qui promet d’enseigner “tout ce que l’école n’apprend pas”. La boutique est coquette, des muffins salés et autres collations trônent au centre de la pièce. La trentaine d’élève, trentenaires, quadras, quinquas, s’épie discrètement comme un jour de rentrée. Ils sont ici pour un cours de 3h sur le thème “réaliser son potentiel”. Un sujet forcément intime destiné à changer leurs vies. À commencer par le boulot.
Tarantino et Tintin, nouveaux guides spirituels
“On a l’impression de moisir dans nos jobs”, lâchent d’entrée Paoline et Vincent, 29 et 31 ans. C’est elle qui a eu l’idée de s’inscrire après avoir reçu la newsletter du site My Little Paris, en charge de la branche parisienne de The School of life. Créée en 2008 par l’écrivain suisse Alain de Botton, la School s’est exportée à Melbourne, Amsterdam, Rio, Tel Aviv… avec un même signe distinctif : coacher en parlant pop culture, convoquer invariablement Tarantino, Platon ou Tintin en guise de gourous spirituels. C’est cette approche créative qui a d’abord plu à Paoline. “Et puis, c’est une formation pour te donner des clés, c’est à toi de faire le boulot ensuite pour réaliser ce fameux potentiel”.
Pour Elise, c’est déjà le troisième cours. La jolie trentenaire a assisté aux cours “trouver le job de ses rêves” et “avoir de meilleures conversations”. “Je ne comprends pas qu’il n’y ait jamais eu de cours de ce type en France. Il était temps !” Elle loue les méthodes ludiques de la School, et surtout la convivialité qui y règne. “C’est en discutant avec une autre participante lors de l’atelier ‘job de rêve’ que j’ai eu un déclic. Ça fait dix ans que je fais le même métier, j’ai envie d’autre chose”.
Interactions
À l’entrée, la directrice de l’école Fanny Auger accueille les derniers participants. Ils s’installent face au prof du soir, Stéphane Degonde. Ex-financier reconverti en dirigeant de start up avant de prendre le large, il mène la conversation invoquant l’optimisme des philosophes américains Thoreau ou Emerson. “Vous souvenez-vous du job que vous vouliez faire à 15 ans? Et qu’est-ce que vous faites aujourd’hui?” Sourires dans l’assistance. “Les aspirations disent beaucoup de choses sur ce qu’on était”. Stéphane donne son premier conseil : lister tout ce que vous avez entrepris en un an. “Sans vous en rendre compte, vous avez parcouru beaucoup de chemin”.
La première partie du cours est basée sur l’introspection : que répondre quand l’on nous demande ce que l’on fait dans la vie? C’est quoi réussir? Quelles sont les envies que vous aviez et que vous n’avez jamais réalisées? La majorité parle de voyages, d’installations à l’étranger, ou de création d’entreprise. Stéphane demande ensuite de lister 7 moments qui “nous ont rendus le plus vivant”. À charge au voisin d’analyser ce qui ressort de cette liste. Chez Blandine par exemple, c’est l’instinct grégaire qui saute aux yeux : elle parle de cette fois où elle a frôlé la mort en bateau avec sa famille, se demandant qui de sa nièce ou de son fils elle devrait sauver. C’est cet échange immédiat qui plaît. “La première fois que j’ai fait l’exercice des 7 moments à Londres, j’étais assise à côté d’un Serbe de 48 ans, » se souvient Fanny Auger. « Il a vu des choses dont je ne m’étais jamais doutée !”.
Vision libérale
Stéphane passe ensuite à la partie résolution. Il énonce ses clés pour créer le changement et “libérer son potentiel” : se lancer vite, parler de son projet autour de soi, croire en soi, activer ses réseaux… Des recettes assez classiques, note Blandine. Le prof cite à la pelle les self-made-gourous anglo-saxons : David Whyte, Herminia Ibarra, Po Branson… Il dit ensuite qu’il faut penser comme une start-up : lancer rapidement sur le marché une version test de son projet, l’améliorer, lancer une version finale. Une vision libérale assumée, d’autant que la School propose un cours “comment penser comme un entrepreneur”. “C’est très dans l’air du temps, mais je ne suis pas sûre que la vie soit une start-up”, commente Blandine.
Les trentenaires s’y retrouvent. “À nos âges, on est complètement focalisés sur le boulot, on veut monter une boîte comme un projet de vie”, développe Dorothée, 31 ans. “Les références américaines ne me gênent pas : au contraire ça m’inspire ce côté ‘take a chance’”, note Julie, 30 ans. A contrario, les quadras râlent. “Je n’ai pas appris grand chose mais l’idée de l’école est intéressante, j’aime cette façon d’incarner ces concepts psycho”, dit une mère de famille. “C’est très idéaliste ce qu’il raconte, il ne tient pas compte des paramètres de la réalité de la vie : la famille, le temps, l’argent…”, tâcle Corinne, 46 ans.
S’il y en a une en tout cas qui entend bien réaliser son potentiel, c’est Elise. “Ça m’a décoincé”, dit-elle. Elle a plaqué son vieux boulot, et s’apprête à embarquer dans un tour des Amériques en solo, de Montréal à Ushuaïa.
Programme des cours consultable ici (fermeture le 31 juillet)
Mathilde Carton
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