Dans l’ouvrage Cholombianos, la photographe britannique Amanda Watkins s’intéresse à un étonnant mouvement urbain qui rassemble quelques milliers de jeunes gens du nord du Mexique autour de l’héritage musical colombien. Pendant près de cinq ans, Amanda Watkins, photographe et créatrice de mode remarquée par le ELLE japonais et le magazine londonien Dazed & Confused, a […]
Dans l’ouvrage Cholombianos, la photographe britannique Amanda Watkins s’intéresse à un étonnant mouvement urbain qui rassemble quelques milliers de jeunes gens du nord du Mexique autour de l’héritage musical colombien.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pendant près de cinq ans, Amanda Watkins, photographe et créatrice de mode remarquée par le ELLE japonais et le magazine londonien Dazed & Confused, a enseigné le stylisme aux élèves de l’université huppée de Monterrey. Dans les rues de cette ville cosmopolite – la troisième plus grande du Mexique, au Nord-Est du pays – elle a découvert une sous-culture qui l’a fascinée et à laquelle elle consacre un livre : Cholombianos (Trilce Ediciones, Mexico), contraction de « cholo » (gangs de « chicanos » mexicains établis aux Etats-Unis, notamment dans les banlieues de Los Angeles) et de « Colombiano » (Colombien). Fins danseurs et adeptes de sons (cumbia, vallenato, merengue) et d’instruments (güiro, accordéon) traditionnels colombiens mixés avec des rythmes et des mélodies mexicaines, ces jeunes gens seraient les héritiers d’un mouvement apparu dans les ghettos de Monterrey dans les années 60. Leurs looks, métissage de style hip-hop US et de symboles tropicaux et religieux, ont littéralement hypnotisés Amanda Watkins, qui les a shooté sous toutes les coutures. Leurs cheveux rasés à l’arrière du crâne et leurs rouflaquettes XXL fixées avec des quantités de gel, leurs chemises hawaïennes ou en tartans confectionnées par leurs soins, leurs pantalons larges et leurs converses blanches customisées ont poussé une partie de la population à les qualifier de « punks tropicalisés ». Plus étonnants encore, les multiples accessoires bricolés aux couleurs de la Colombie (jaune, bleu, rouge) ou en hommage aux icônes San Juda Tadeo et la vierge de Guadalupe, tels que leurs incontournables scapulaires (colliers avec des pendentifs), ou encore leurs casquettes, bandanas et porte-clé personnalisés. Dans son livre, Amanda Watkins détaille également l’originalité de leur gestuelle de reconnaissance et les rituels observés dans leurs soirées. Tous sont munis d’inscriptions immenses mentionnant leurs noms, leurs quartiers et leurs clans ; ils dansent en cercle, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, seuls ou en couple et avec une grande dextérité : « avec l’agilité des break-dancers de Brooklyn et le charme d’un bailongo (danseur de bal populaire) de Barranquilla. » Depuis Londres où elle séjourne en ce moment, elle est revenue pour nous sur la genèse de son projet.
Qu’est-ce qui a déclenché votre intérêt pour les « cholombianos » ?
Amanda Watkins : J’ai vu ces adolescents par hasard au cours de mes premières semaines au Mexique, ils ont vraiment captivé mon imagination et ma curiosité a fini par donner naissance au projet. Comme j’arrivais tout juste de Londres, c’était très rafraichissant de les voir tous absorbés dans cette scène latino locale pleine d’énergie, avec tous ces éléments symboliques de leur sentiment patriotique.
Comment avez-vous établi le contact ?
Les toutes premières fois j’ai eu assez de chance pour les voir près de la rivière un dimanche après-midi, par hasard. Mais comme ils rappliquaient en foule de toute la ville, je pense qu’on leur a demandé de ne plus venir car ce n’était pas très reposant les promeneurs de poussette du dimanche ! J’ai donc du les retrouver et demander autour 1 de moi pour qu’on me présente quelqu’un qui pouvait m’emmener à leurs fêtes dans des endroits plutôt underground.
Votre intégration a-t-elle été simple et rapide?
Au début, j’étais toujours sur le côté mais j’avais déjà le droit d’être présente ! J’étais toujours la seule étrangère blanche à avoir participé à leurs fêtes. En quatre ans, la proximité a évolué. Chaque été je retournais en Angleterre pour les vacances et puis quand je revenais dans leurs soirées après, c’était évident que j’adorais la musique et c’est pourquoi nous étions tous là, nous avions un intérêt commun. Ils ont fini par me reconnaître et par me prendre en photo.
C’est donc la musique qui les réunit ?
C’est un groupe de Mexicains qui adorent la musique colombienne et ont commencé à utiliser les couleurs du drapeau colombien dans leurs tenues. L’aspect musical a débuté avec leurs parents, puis ils ont piqué les sons et les ont adapté à leurs goûts, tout comme ils ont introduit des éléments de streetstyle dans leurs looks.
{"type":"Banniere-Basse"}