L’Islande s’inquiète de l’essor du tourisme qui mettrait en danger l’environnement de l’île. Une explosion entraînée par une autre, celle du volcan Eyjafjallajokull en 2010. Les touristes ont remballé leurs tentes et leurs duvets, laissé à la frontière leurs bouteilles de gaz de camping, des OVNIs font des tours dans le ciel et le volcan Bardarbunga continue à […]
L’Islande s’inquiète de l’essor du tourisme qui mettrait en danger l’environnement de l’île. Une explosion entraînée par une autre, celle du volcan Eyjafjallajokull en 2010.
Les touristes ont remballé leurs tentes et leurs duvets, laissé à la frontière leurs bouteilles de gaz de camping, des OVNIs font des tours dans le ciel et le volcan Bardarbunga continue à cracher ses volutes de fumée et ses colonnes de lave. Une éruption qui fait écho à celle, plus célèbre, du Eyjafjallaokull en 2010, qui avait fermé l’espace aérien européen pendant de nombreuses semaines et braqué les regards du monde entier sur la petite île de feu et de glace, la transformant ainsi en aimant à touristes.
Mais cet afflux commence à mettre en péril ce fragile écosystème et à inquiéter les autorités. Dans plusieurs endroits de l’île, comme aux abords du lac Löðmundarvatn, les escapades des automobilistes hors des sentiers battus ont gravement endommagé l’environnement. Et, chaque année, les secours sont obligés de repêcher des dizaines de voyageurs imprudents qui ont embourbé leur 4×4. Pourtant, la loi oblige déjà les loueurs à restreindre les routes autorisées aux touristes.
Moins de tourisme, pour le bien des touristes
Cet été, la présidente de l’Office de tourisme islandais, Ólöf Ýrr Atladóttir a déclaré dans une interview à la chaine publique RÙV que « le tourisme s’est développé trop rapidement. Il faut qu’on réalise qu’on ne peut pas continuer indéfiniment à construire sur les sites naturels, à accueillir toujours plus de monde, tout en pensant qu’on leur offre l’expérience pour laquelle ils ont payé. » Son objectif : construire une industrie du tourisme pérenne et éviter la formation d’une bulle (le spectre de la crise économique de 2008 n’est pas bien loin).
Pour Guðmundur Ingi Guðbrandsson, président de Landvernd, une association de protection de l’environnement islandaise, le tourisme met gravement en danger la nature islandaise. Ses préconisations vont dans le sens de l’Office de tourisme. « Il est très important que l’Islande décide de garder des lieux intacts. Et dans ces lieux, il faut que l’Etat contrôle le nombre de touristes qui peuvent y accéder. Dans le même temps, il faut qu’on investisse plus d’argent dans les infrastructures dans les lieux ouverts aux touristes », insiste-t-il, toujours dans le même objectif : sauvegarder la nature des excès du tourisme. Mais pour leur bien : « Il y a des lieux qui perdent tout leur intérêt touristique si on y construit des infrastructures », nous précise-t-il.
Première ressource de l’île
Le tourisme est devenu quelque chose de sérieux. En dix ans, le nombre de touriste a triplé. On estime qu’un million de personnes ont visité l’Islande sur l’année 2014 pendant les 3 mois de l’été. Soit plus de trois fois la population de l’île, qui compte seulement 327 000 habitants.
En 2013, le secteur touristique est devenu la première source de revenu devant la pèche, ressource historique de l’Islande. Depuis 2010, cent nouveaux operators sont apparus. L’île en compte aujourd’hui 776. Partout sur pullulent les attractions « nature » : excursions en bateau pour aller observer les baleines, trecks en quad aux pieds des glaciers, randonnées guidées au cœur des volcans. Il devient de plus en plus difficile, en pleine saison, de trouver un endroit au calme près des merveilles de l’Islande. Pour chaque nouvelle installation touristique, fleurissent une structure en dur, des cabines sanitaires et des parkings.
Boite en carton
En ville, les touristes n’ont plus autant la côte qu’au début non plus. A Reykjavik, capitale de l’Islande et plus grande ville, les tarifs des locations explosent durant l’été. En cause, la popularité grandissante des sites tels que Airbnb, qui font sortir du parc immobilier de nombreux appartements et fixent des tarifs saisonniers. Entre l’année dernière et cette année plus de 1000 appartements supplémentaires (pour un total de près de 2000) ont été mis en location sur le célèbre site.
Cette nouvelle activité de location provoque des problèmes inattendus : les locaux ne peuvent plus se loger définitivement, puisqu’il devient plus rentable de garder des appartements vacants durant l’été. Depuis quelques années, la capitale observe un exode de ses populations vers les périphéries, transformant petit à petit le célèbre district 101, le centre-ville, en un immense hôtel à destination des touristes.
Un phénomène qui a provoqué la colère de Julia Mai, une artiste islandaise qui a ironiquement lancé une campagne de crowdfunding en ligne pour la rénovation d’une boite en carton. Objectif 6000 $. Sur le site on peut lire « Je loue ma future maison, ma boite en carton, sur Airbnb et je cherche des fonds pour la rénover et la rendre plus attractive pour le marché du tourisme à Reykjavik. » La campagne n’a pour l’instant rapporté aucun argent, mais donne à réfléchir.